Après Secret Files : Tunguska, premier épisode plutôt réussi, les petits gars de Fusionsphere Systems (Keen Games pour les versions sur consoles Nintendo) reviennent avec la suite à peine un an plus tard. De quoi retrouver la belle Nina et son ami Max dans une seconde aventure sur Wii, dans la plus pure tradition du style Point & Click, un genre qui commence à peine à prendre vie sur Wii.
Mais vaut-il vraiment le coup de se prendre la tête sur des énigmes tordues ?
Histoire secrète
Il est tout d’abord important de savoir qu’on n’est pas obligé d’avoir joué à Secret Files Tunguska pour profiter de l’aventure de ce second épisode. Néanmoins, nous retrouvons quand même les mêmes personnages principaux, à savoir la belle rousse Nina Kalenkow et Max Gruber, le Brad Pitt du jeu. En couple dans la première aventure, nous apprenons au tout début de celle-ci que leur relation s’est un poil dégradée… Ils décident donc de faire une pause dans leur couple, chacun partant de son côté. Max part dans la jungle pour son boulot, sur le site archéologique d’un ancien temple indonésien et Nina décide de prendre des vacances et de partir en croisière sur un gros bateau, partant d’Hambourg. Cette rupture, c’est ballot pour eux, mais bon pour tous les joueurs n’ayant pas goûté à Tunguska (comme moi par exemple), ça n’a aucune importance. Ça permet au moins de poser les bases, en présentant les personnages.
Mais à côté de cette histoire à l’eau de rose, le monde s’écroule. Un peu comme dans Disaster Day Of Crisis, mais en largement moins naze, Secret Files 2 a une liste de catastrophes naturelles (oupa) assez énorme ! Épidémie mortelle en Afrique du l’Ouest, séismes de magnitude 8 au Japon (donc un joli ras de marré en bonus), éruptions volcaniques soudaines en Asie du Sud-est, champs de pétrole en flammes au Moyen Orient, guerre civile en Amérique du sud à cause d’une crise financière, le monde semble être au bord du gouffre.
Tout le monde cherche la raison de tous ces problèmes. D’ailleurs, une Assemblée Générale des Nations Unies a été convoquée à New York, histoire de mettre plusieurs cerveaux sur l’affaire et ainsi prendre des mesures afin d’arrêter le désastre. Malheureusement, aucune solution ne semble arriver, alors qu’une secte, Puritas Cordis, fait de plus en plus d’apparitions à la télévision. Comme toutes les sectes, celle-ci ne raconte que des conneries, du genre « venez nous rejoindre, nous avons la solution. Venez ou vous allez tous mourir ! ». Ça ferait presque froid dans l’dos, et Nina, voyant ce discours dans la télévision du restaurant du bateau ou elle se trouve, est complètement sur le cul par tant de connerie. Mais c’était avant de voir un ras de marée retourner comme une crêpe son joli bateau de croisière… Max est d’ailleurs lui aussi dans de beaux draps. En effet, celui-ci est en Indonésie avec Sam, une blondasse qu’il a connu il y a quelques temps, et se retrouve confronté directement à cette secte.
A partir de là, tout le scénario commence à s’éclaircir, ou en tout cas à prendre forme ! Nina part pour la France et mène l’enquête sur cette fameuse secte et les liens qu’elle pourrait avoir avec toutes les catastrophes arrivant sur la terre, tandis que Max, fait de même dans son coin.
En clair, l’histoire de Secret File 2 est beaucoup moins idiote que celle de Disaster Day Of Crisis, et pourtant, il s’y passe quasiment les mêmes problèmes. Sauf que là, nous avons devant nous un scénario très bien foutu, réfléchi, intéressant, même s’il prend un peu trop de temps à se mettre en place (au moins 3h sont nécessaires).
Mécaniques de jeu
Point & Click oblige, le gameplay est très simple à prendre en main. Tout d’abord, il faut savoir que l’équipe de développement à pris le choix d’utiliser plusieurs modes de jeu : Wiimote toute seule, Wiimote et Nunchuk, ou alors l’une des deux combinaisons plus une autre Wiimote. Dans mon cas, j’ai pris naturellement mon petit combo. Plus simple je trouve.
L’aventure se déroule quasiment toujours de la même manière. Nous avons notre personnage que nous pouvons déplacer directement via le Nunchuk, ou alors en cliquant avec A sur un endroit de l’écran (comme lorsqu’on choisi de ne jouer qu’avec la Wiimote), et celui-ci se trouve placé dans un plan, toujours en image fixe, avec deux trois trucs qui bougent, histoire de faire de la vie. En gros, comme dans n’importe quel Point & Click, c’est avec notre Wiimote qu’il faudra résoudre bon nombre d’énigmes. En effet, c’est avec celle-ci qu’on pourra pointer les objets de l’écran et interagir avec eux. On déplace donc une « mini Wiimote » sur l’écran, à la recherche d’indices pouvant nous faire avancer dans l’aventure.
Tout n’est évidement pas interactif (laisse tomber le bordel sinon). En fait, quand on déplace notre Wiimote sur objet interactif, il s’éclaire et généralement, il y en a entre 2 et une bonne douzaine par écran. Ensuite, notre curseur à l’écran prendra différentes formes. Quand un œil apparait à côté de notre mini Wiimote, il suffit d’appuyer sur B pour que notre personnage parle et nous donne un renseignement, utile ou pas, concernant cet objet. Par exemple dans le bateau, en faisant cette action sur le lit de la chambre de Nina, celle-ci dit un truc du genre « il est bien mon lit, je pensais plutôt que j’aurais un truc minable ». Ca ne sert évidement strictement à rien, mais c’est comme ça. Un peu comme dans de nombreux RPG japonais où les personnages font des remarques complètement inutiles, mais qui donnent de la vie.
Au contraire des objets plus interactifs. Quand une main se place à côté de notre curseur, c’est que généralement, l’objet est utilisable. Et ça peut être tout et n’importe quoi ! Un CD, un cure-dent, un bout de tissu, une robe de chambre, une carte magnétique, un fruit… n’importe quoi. Pour s’en saisir, il suffit tout simplement d’appuyer sur A.
En faisant ça, notre personnage place cet objet dans son inventaire (ne me demandez pas comment Nina fait pour planquer une rame de bateau dans sa poche, j’en sais rien). C’est à partir de celui-ci, qu’on devra mettre en route notre cerveau et tenter d’utiliser les objets qu’on a récupéré un peu partout, et ainsi résoudre les énigmes du jeu. D’ailleurs, les développeurs ont pensé que bon nombre de joueurs seraient complètement bloqués, à chaque début d’énigme. Ce que j’appelle début d’énigme, c’est le moment ou on sait ce qu’il faut faire, mais qu’on ne sait pas comment y arriver. C’est à ce moment là que les touches + ou – sont pratiques. Dès qu’on presse une des deux touches, une icône de loupe se place sur tous les objets interactifs de la scène. Au cas où on serait passé à côté d’un truc, c’est pratique.
Je reviens donc sur le moment ou on sait ce qu’il faut faire, mais pas comment. C’est là ou l’inventaire s’ouvre comme par magie d’une simple pression de la croix multidirectionnelle. L’inventaire s’affiche sous forme de bandeau en bas de l’écran, avec tous les objets qu’on possède. Il suffit ensuite de se creuser un peu le cerveau ou d’essayer toutes les combinaisons possibles et imaginables, pour créer de nouveaux objets. Ces objets seront évidement des clés pour les énigmes qui nous bloquent dans l’aventure. Et ainsi de suite.
Voilà comment se déroule Secret Files 2 ! Une aventure chapitrée, avec des phases de recherche sur des énigmes plus que tordues. Un vrai bonheur, pour peu qu’on aime un tant soit peu se creuser la cervelle.
J’allais presque oublier de parler du mode avec deux Wiimotes, qui est plus qu’anecdotique. Généralement, on ne joue pas à plusieurs à ce genre de jeu. On n’est pas dans une pub Wii avec deux cons sur une banquette, qui font semblant de jouer ensemble. Non, un Point & Click, ça se savoure seul. Seul comme les énigmes. Mais bon, si jamais l’envie vous vient de jouer à deux, et bien le second joueur (ou joueuse) peut toujours prendre la seconde Wiimote et vous aider…
Réalisation case par case
Comme dans n’importe quel Point & Click de la vieille école, Secret Files 2 ne mise pas sur la 3D. En gros, chaque phase de jeu pourrait être comparée à un tableau, dans lequel on déplace notre personnage à la recherche d’indices. C’est joli, c’est certain. Mais techniquement parlant, ça casse pas non plus trois pattes à un canard. En gros, c’est un peu comme si nous avions devant nous une sorte de diaporama… Mais il n’empêche que c’est très joli. Les décors sont travaillés, les environnements assez variés comme par exemple les trois premiers chapitres : une église, un bateau de croisière et la jungle. On ne peut pas faire plus dépaysant !
Le seul petit bémol venant du graphisme se trouve être les seules choses qui bougent vraiment : les personnages. Franchement, des fois ils font tâche. Déjà, ils ne sont pas super lisses, puisqu’ils possèdent le fameux défaut de beaucoup de jeu Wii : de l’aliasing. Ce n’est pas super visible, mais c’est là. Et c’est dommage. Et je parle évidement pour les personnages jouables, comme les non jouables.
Mais bon, je dois avouer que le jeu reste tout de même très agréable à l’œil. Pas sans défauts, mais agréable. Un peu comme les vidéos en images de synthèse, qui sont agréables, mais très (trop) loin des habitués du genre, comme Square Enix, Capcom ou même Ubisoft.
Nan, franchement le plus chiant dans le jeu, ce sont bien les chargements. C’est bien simple, ils sont omniprésents. A chaque fois qu’on passe d’une « case » de jeu à une autre (on se croirait dans The Legend Of Zelda : A Link to the Past), un petit chargement arrive. Pas long. Mais présent comme l’aliasing des personnages. On fait avec, mais j’dois dire que si il y avait eu moyen de faire sans, ça n’aurait pas été plus mal !
De la musique ? Du son ?
C’est un jeu calme. Très calme. Tellement calme que je ne me souviens d’aucune musique du jeu après avoir éteint la console. Mais ! Elles sont bonnes (les musiques). Ce sont des sortes de musique d’ascenseur, qui feraient tâche dans un jeu d’aventure super héroïque. Mais là, vu qu’on a devant nous un jeu avec un gameplay plutôt calme, ça passe plutôt bien.
Autre point fort du jeu : tout est en français, dans le texte et dans le son. Tous les personnages qui parlent sont doublés par des acteurs, plus ou moins bons par contre. En effet, même si l’initiative est bonne, les acteurs le sont un peu moins, par rapport à ceux du cinéma par exemple. Mais le fait est que l’effort a été fait ! Et ne me parlez pas de « vostfr », parce que de l’allemand sous titré français, je m’en passe très largement…
Durée de vie
Ouch. C’est le mauvais point du jeu. En effet, bien que l’histoire soit bonne, la prise en main impeccable et la réalisation agréable, la durée de vie est plus que moyenne. Alors ok, on peut bloquer sur une énigme pendant des heures, mais généralement, après un peu de recherche, on trouve la solution. Malheureusement, l’aventure durera ici entre 10 et 12h suivant les joueurs. Nous avons tous notre manière d’aborder un problème, une énigme, donc pas le même temps de résolution. Mais 10h pour un jeu et bien je trouve ça peu. Qu’on soit sur Wii, sur DS ou sur un autre support, ils sont bien peu les jeux dépassant les 10h de jeu. A part évidement les RPG et les quelques jeux d’aventure comme The Legend Of Zelda : The Twilight Princess, ou un jeu de plates-formes comme Mario Galaxy.
Bah moi ça me reste en travers de la Wiimote. On est bien dans l’aventure, les énigmes se font petit à petit, l’enquête avance bien et là, paf, c’est déjà la fin ! Surtout que le replay value de ce genre de jeu tient vraiment de la passion. Généralement, on ne refait pas un Point & Click qu’on vient de se finir. On connait déjà la résolution des énigmes et comme Secret Files 2 n’en amène pas de nouvelles après avoir fini le jeu, on se retrouve donc avec la même aventure.
Je ne parlerais pas du mode deux joueurs anecdotique et inutile, et de l’absence d’un mode Online, qui pourrait apporter de nouvelles énigmes ou chapitres.
En bref…
HISTOIRE : 15/20
Un peu tirée par les cheveux, mais bien ficelée, l’histoire Secret Files 2 fait honneur au genre catastrophe, bien loin devant d’autres jeux qui s’y sont cassés les dents.
GAMEPLAY : 18/20
Pour un Point & Clik, c’est quasiment parfait. La Wii est faite pour ce genre de jeu et la possibilité de jouer avec la Wiimote ou alors avec la Wiimote et le Nunchuk est un plus non négligeable. Le pointeur reste stable, le déplacement du personnage n’est pas chiant, non vraiment, c’est impeccable.
GRAPHISMES : 15/20
C’est très honnête. Étant donné qu’on est avec un jeu qui n’a pratiquement que des plans fixes, c’est forcément beau. Par contre, la modélisation des personnages aurait pu être un peu mieux. Ça aliase un peu quoi.
MUSIQUES ET SONS : 14/20
Avec un doublage entièrement en français, c’est forcément un bon plus. Par contre, même si les acteurs font bien leur boulot, on est encore bien loin d’un doublage de cinéma. Et le truc des « pistes » de son est un brin dommage… Quant aux musiques du jeu, elles ne restent pas en tête, mais elles ont le mérite de bien passer.
DURÉE DE VIE : 10/20
Entre 10 et 12h, c’est peu. Même si de nos jours, c’est « normal » d’avoir un jeu qui ne fait pas plus de 10h, j’trouve ça peu. Après, nous sommes face à un Point & Click, ok. Mais c’est quand même une aventure… D’où la note.
Note Finale : 14/20
Sans révolutionner le genre Point & Click, Secret Files 2 Puritas Cordis fait bien son boulot et nous embarque dans une aventure avec des énigmes très tordues, bien loin des Zelda et Mario. Ça fait du bien de voir ce genre de jeu sur Wii, qui s’y prête facilement en plus. Enfin un jeu d’un développeur tiers qui nous demande de faire chauffer notre cerveau, plutôt que de s’exciter comme un con devant notre écran. Et, je suis même tenté de dire : vivement une troisième aventure !