Cela fait maintenant un petit moment que les figurines amiibo ont envahi les rayons des supermarchés et les étagères des collectionneurs de tout poil. Nombreux sont ceux, notamment ici, à avoir pris une ou plusieurs de ces figurines, afin de s’en servir avec Super Smash Bros. for Wii U, ou bien simplement pour le plaisir de la collection. Cela a d’ailleurs entraîné un débat sur le forum pour savoir si les figurines devaient être assumées en tant que telles ou non par des adultes responsables. Prochain débat d’envergure le 3 février prochain, sur le thème « doit-on servir des brocolis à la cantine ?« , avec l’intervention de Jean-Pierre Chou-Fleur, spécialiste des Brassicacés.
En attendant ce palpitant moment de démocratie participative, on commence à avoir quelques retours sur les ventes d’amiibos à travers le monde (comprenez : dans les pays riches). Pas facile de les estimer, ces ventes, car les classements classiques dédiés aux jeux vidéo, déjà relativement obscurs en dehors du Japon, ne les prennent pas en compte. Et en dehors des communiqués officiels de Nintendo, il est ardu de connaître la tendance exacte.
Nintendo, justement, s’était fendu de déclarations outrageusement victorieuses à la mi-décembre, en annonçant avoir vendu plus de 100 000 figurines au Japon en quelques jours, quelques 700 000 aux États-Unis en dix jours, tout en prévoyant 200 000 ventes en France jusqu’au Noël qui vient de passer.
Mais depuis, plus rien. Difficile de dire alors quelle a été la tendance à Noël : il faudra vraisemblablement attendre un prochain résultat financier communiqué par Nintendo pour en savoir plus.
En attendant, pour obtenir des résultats plus précis, il faut se tourner vers cette étude de Consulgamer, réalisée auprès de la chaîne de vente américaine Best Buy.
Chez Best Buy, on a fait les comptes avant Noël : au 16 décembre, dans le top 20 de la catégorie « Jeux et Jouets », se trouvaient en Amérique du Nord 10 produits amiibo ! Au coude-à-coude avec la concurrence directe, puisque les 10 autres places étaient occupées par… des figurines Disney Infinity ! A plus large échelle, parmi les 50 meilleures ventes de la chaîne, toutes catégories confondues, les amiibos occupaient 36% des ventes, à égalité avec les Disney Infinity, et dominant les figurines Skylanders, troisième concurrent direct. Ce qui ne signifie rien de moins que tous ces bouts de plastique étaient les 50 objets les plus vendus de l’enseigne…
Un bien beau camembert qui a tourné plus que de raison sur Internet. Car il faut savoir raison garder (tavu com jparl tro b1) : on parle bien ici des ventes sur une seule enseigne, non d’un marché global. Si demain Auchan annonce que les amiibos se vendent comme des petits pains, Leclerc pourra se fendre d’un communiqué pour annoncer que chez eux, ce sont les croissants au beurre qui sont en tête des ventes. Best Buy a beau être leader des ventes d’électronique aux Ztazunis d’Amérique, il n’en reste pas moins que d’autres enseignes pourraient livrer des chiffres différents… si elles le voulaient bien. Et qu’en est-il des marchés européen et japonais ? Nul ne le sait.
Malgré tout, ces chiffres révèlent une tendance pré-Noël qui était très favorable aux petites figurines de Nintendo. La grande question est de savoir si cette tendance s’est poursuivie jusqu’à maintenant, et dans quelles proportions. A travers ces produits, c’est un tout nouveau modèle économique que Nintendo met en place, où les figurines servent à vendre des jeux, et les jeux des figurines, mais où chaque élément reste indépendant et où tout le monde peut y trouver son compte. Et en entretenant savamment les rumeurs de pénurie et d’éditions uniques de certaines figurines secondaires, Nintendo a artificiellement augmenté la demande et les ventes par la même occasion, les prix affichés durant les fêtes ayant parfois frôlé la déraison (plus de 40$ un amiibo, je ris), et les (con)sommateurs s’étant jetés dessus par peur du manque. Du pigeonnage en règle, grossier et subtil à la fois, celui qui marche à tous les coups.
Il est donc peut-être encore un peu trop tôt pour crier au business-plan génial et remettre totalement en question les prévisions de Paco Rafou à la mi-octobre. Mais malgré tout, les amiibos semblent d’ores et déjà avoir remplis une sacrée part de leur contrat. Reste maintenant à confirmer ce succès, à le conforter et à développer toujours plus l’interaction jeu / figurine, sans pour autant contraindre les acheteurs à tout devoir posséder.