C’était en 2002. J’achète complètement par hasard sur eBay un obscur jeu qui m’était inconnu, en provenance de Finlande. Il s’agissait de Metroid Prime. Je ne connaissais ni la série ni le jeu développé alors par Retro Studios, et, à la réception du paquet, je me plongeai corps et âme dans une aventure qui me transcenda dès la première minute de jeu. Mais parmi les différents environnements de Tallon IV, la planète explorée par Samus Aran, un en particulier restera gravé pour longtemps dans ma mémoire.
C’était déjà magnifique jusqu’ici. Le cosmos infini et l’arrivée sur une minuscule station spatiale orbitant autour de Tallon IV la rousse, aux faux airs martiens. Puis la descente sur la surface de Tallon, fantastique, verdoyante, noyée sous une pluie fine perpétuelle, dont les gouttes rebondissent sur le bras canon de Samus. Une faune et une flore étrange, tantôt amicale, tantôt dangereuse. Ensuite, la découverte des vestiges laissés par les anciens Chozo, le peuple oiseau si avancé et si sage, créateurs de l’armure de Samus et peuple adoptif de cette dernière, par la même occasion. Vient alors la traversée des torrides Cavernes du Magmoor, où l’on doit esquiver les torrents de lave et les vapeurs acides sortant du sol.
Pour enfin atteindre les Rives des Monts de Phendrana.
Un univers figé dans la glace et dans le temps, où pourtant la vie trouve partout sa place, en sommeil ou bien active. Où même les Chozo ont trouvé refuge et ont construit des temples en l’honneur de leur ancien. Où les Pirates de l’Espace ont également trouvé une pouponnière idéale pour les Métroïdes, sensibles au froid polaire régnant dans ces montagnes. Et où Samus poursuit Ridley, l’assassin de ses parents, dont l’ombre maléfique plane sur les lieux.
Les mots sont faibles pour décrire l’émotion ressentie à l’arrivée dans ces montagnes glacées, dans ce nouvel univers pourtant présent sur la même planète que tous les autres environnements rencontrés jusqu’ici. Des montagnes gelées recélant nombre de mystères, et bercées par une musique des plus abouties. Quelques notes au piano, le bruissement du vent, l’écho des gouttes perlant des stalactites de glace puis s’écrasant au sol. Ici, quelques percussions évoquant les dangers rodant au détour d’une congère. Là, des chœurs rappelant la présence bienveillante des Chozo surveillant vos faits et gestes depuis leur au-delà. Et finalement, une pulsation, un battement de cœur. Vous n’êtes pas avec Samus, vous êtes Samus, vous êtes dans l’armure, vous ressentez l’émotion à son paroxysme.
Pourtant, il ne faudra pas s’attarder trop longtemps à contempler la beauté du paysage en se laissant bercer par la douce musique d’ambiance : il faut avancer. Les Pirates de l’Espace fomentent un mauvais coup et le Phazon continue de corrompre tout l’écosystème de la planète. Les Monts de Phendrana ont besoin de nous, nous devons les abandonner pour l’instant. Mais ils resteront pour longtemps une de mes plus grandes émotions face à un jeu vidéo.