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Castlevania : Rondo of Blood

Le

par

La série Castlevania était une série largement associée aux consoles de Nintendo : tous ses premiers titres étaient disponibles sur des consoles de Nintendo. Mais tout cela a changé en 1993, avec Castlevania Chronicles (sorti sur Sharp X68000) et Castlevania : Rondo of Blood. Si le premier n’est effectivement jamais sorti sur consoles Nintendo de quelque manière que ce soit, le second a connu un portage SNES (de médiocre qualité, paraît-il) et surtout une sortie sur Console Virtuelle en 2010, ce qui nous autorise enfin à en parler. Il est donc venu le temps de jouer le rondo du sang. Musique, maestro !

Note : J’ai testé ce jeu à partir de la version disponible dans The Dracula X Chronicles, sur PSP. Même si j’ai fait ce test sur la version d’origine déblocable, je crains que le hardware de la PSP ne soit différent de celui de la PC-Engine ou de la Wii. Du coup, certains ralentissements et chargements que j’ai pu constater n’étaient peut-être pas présents dans la version d’origine, je tâcherais de juger de ça au mieux.

Histoire

Commençons par le point le plus facile à traiter du jeu : l’histoire. Alors, que se passe-t-il ? La princesse Dracula a-t-elle été enlevée ? La Terre a-t-elle été envahie par une horde de Draculas décérébrés ? Le prince Dracula s’est-il fait assassiner à bord d’un train sur lequel vous étiez et c’est désormais à vous de trouver le coupable ?

Malheureusement, rien de ça (dommage, d’ailleurs, ça pourrait faire des jeux cool). Non, on est dans le classique : Dracula est revenu à la vie et comme vous pouvez pas le piffrer, vous allez le renvoyer au bercail dans une urne. Cette fois-ci, c’est un gars louche en tunique répondant au très funky nom de Shaft qui a trouvé que redonner la vie à un vampire, c’était quand même une vachement bonne idée. Sur la route du château, Dracula et Shaft ont capturé plusieurs jeunes filles (ces vicieux) dont la petite Maria Renard et Annette, qui n’est autre que la petite copine de Richter Belmont, notre preux héros.


Donc, déjà, si vous décidez un jour de vous transformer en vampire (en vous faisant mordre par un polonais ou en mettant un masque suspect, peu importe la méthode), pensez à faire une liste de mauvaises idées, de trucs à pas faire si jamais vous devenez effectivement un prince de la nuit. Sur cette liste, pensez à mettre en toute première position « Chouraver la copine d’un puissant chasseur de vampires ».

À noter : le jeu nous propose une ou deux « cinématiques », à base d’images fixes et de voix japonaises, pour nous permettre de mieux apprécier la puissance du scénario. C’est un peu comme si au moment d’acheter un poireau à la supérette du coin, vous aviez le vendeur qui vous offre une loupe pour pouvoir mieux constater la texture légumineuse fascinante de l’animal. Un légume reste un légume, ne tentez pas d’en faire trop, voyons !

(je demande à ce que des points me soient attribués pour ne pas avoir fait une blague salace sur le poireau)

Gameplay

Si on s’appuie sur le scénario, on peut remarquer une certaine proximité entre Rondo of Blood et son petit frère Symphony of the Night, qui a fait totalement changer la série d’orientation en 1997 pour ce que l’on se mit à appeler des Metroidvania. En effet, quand la série était encore sur les premières consoles de Nintendo, on avait plutôt droit à de la plate-forme très hardcore et très rigide, mais très efficace.

Alors, qu’est-ce qu’il y a dans ce Castlevania, qui est à la charnière entre ces deux époques ? Ne faisons pas durer le suspense plus longtemps : c’est de la plate-forme classique, comme celle des premiers épisodes.

En effet, on a affaire à un gameplay assez rigide et simple. Chaque saut doit avoir été réfléchi, car il est impossible d’ajuster la hauteur et la longueur une fois en plein air (même si il est possible de se retourner en l’air pour attaquer derrière soi si nécessaire). Chaque coup pris vous fera faire un petit saut en arrière. Vous ne pourrez faire claquer votre fouet qu’en avant ou en arrière, pas moyen d’attaquer ce qui est directement au-dessus de vous ou autre.

À ça s’ajoutent les objets. Comme dans tout Castlevania, vous pourrez trouver des armes dans les niveaux. Ces armes s’utilisent au prix de quelques cœurs. Ainsi, selon votre objet, vous pourrez lancer des haches, des couteaux, de l’eau bénite, des crucifix et autres, chacun prenant une trajectoire différente, il sera donc bon de changer d’arme pour s’adapter à la situation. À noter que vous pouvez, en échange de dix cœurs, déclencher un Item Crash, une attaque très puissante dépendant de l’arme que vous avez au moment de la faire. Personnellement, je me suis au final très peu servi de cette technique, puisque j’ai trouvé le rapport puissance/coût assez mauvais, mais tout dépend de la situation, ça peut servir quand même.


Ça c’est pour ce qui concerne directement Richter. Pour ce qui est de l’environnement, on est aussi dans du classique : les chandeliers contiennent des cœurs, des points bonus et parfois des armes et les ennemis contiennent des cœurs et des points bonus. Toutefois, même dans ses premières itérations, la série Castlevania comprenait des éléments d’exploration. En effet, si vous trouvez un mur qui semble bizarrement placé, vous pourrez tenter de le fouetter pour découvrir, cachée à l’intérieur, de la nourriture qui, contrairement aux cœurs, vous redonnera de la vie ! Chaque niveau cache un certain nombre de secrets, dont l’accès à d’autres niveaux optionnels, ce qui fait en tout à peu près une quinzaine de niveaux, tous conclus par un boss (ou plusieurs si vous tombez sur le boss optionnel).

Et parmi ces secrets, il y a Maria Renard. Vous pouvez la débloquer assez tôt dans le jeu. Cette jeune (très jeune, même) fille est le second personnage jouable du jeu, et je me demande un peu si les développeurs ont voulu faire d’elle un mode facile. En effet, Maria rend le jeu beaucoup plus facile. D’abord, alors que Richter ne peut donner qu’un coup de fouet, Maria peut lancer deux colombes, qui en plus retournent à l’envoyeur rapidement. Du coup, potentiellement, Maria peut infliger quatre coups alors que Richter n’aura pu en faire qu’un. Aussi, elle est capable de faire un double saut et de faire des glissades et roulades en avant, alors que Richter a juste un saut en arrière que je ne suis jamais vraiment arrivé à faire intentionnellement. À la place des armes de Richter, Maria a des animaux qui seront tout aussi efficaces, sinon plus (je pense au dragon, qui consomme plus de cœurs que les autres animaux mais qui peut valoir le coup). Ses inconvénients ? Elle est, je pense, moins résistante que Richter, et même là ça reste à prouver. Bref, un perso un peu craqué mais qui peut rendre le jeu plus agréable pour les joueurs moins tenaces.


D’ailleurs, parlons de la difficulté du jeu, c’est un point important. En effet, si le jeu est bien entendu plus dur que la moyenne des Metroidvania que l’on a eus sur DS et GBA, il reste plus simple que les premiers Castlevania (je pense à la trilogie sur NES). Du coup, c’est un épisode idéal pour ceux qui voudraient essayer les premiers jeux de la série mais qui sont rebutés par la difficulté colossale de ces derniers.

En revanche, je trouve le level-design assez peu inspiré par rapport à celui des épisodes précités (je dis ça alors que je n’ai joué qu’au premier et que je n’ai fait que voir quelques vidéos des autres, donc mon avis vaut ce qu’il vaut quand il est question de comparer). En effet, alors que Castlevania IV, par exemple, regorgeait d’idées originales pour ses niveaux, ce Rondo of Blood est relativement gentillet sur ce point. Les niveaux ne cachent pas de pièges particulièrement originaux ou retors, ce qui est à regretter.

Attention toutefois, je ne dis pas qu’on s’emmerde, loin de là. Pour un gars comme moi qui n’a joué qu’à trop peu de Castlevania dans sa chienne de vie, le jeu reste dur et intéressant, les ennemis sont bien disposés, les boss sont tous différents et très fun à affronter, et ce même avec Maria (que j’ai d’ailleurs utilisée la moitié du temps tout en étant conscient de sa surpuissance, honte sur moi). Les niveaux possèdent des check-points vous facilitant la tâche, mais si jamais vous perdez bêtement vos quatre vies, retour au début du niveau.

Au final, si le level-design est peu original, le jeu offre du fil à retordre pour tous les joueurs sans pour autant être frustrant. Et puis même si vous galérez trop, il reste Maria.

Graphismes

Il va être difficile de dire grand-chose d’intéressant ici. En somme, on a affaire à des graphismes de Castlevania classiques. Si vous avez déjà joué à un Castlevania 2D, je doute que vous parveniez à être surpris de quelque manière que ce soit. On dit souvent que les sprites des itérations de la série sur GBA et DS sont repompées de celles de Symphony of the Night, mais ça remonte peut-être à plus loin encore, au final. Les hommes-puces, les squelettes lanciers, les dragons d’os, les têtes de méduse et compagnie, ils étaient tous déjà ici. De plus, à part pour les premiers niveaux qui se passent hors du château, les niveaux ont des backgrounds qui se ressemblent pas mal. À noter que certains boss rendent quand même très bien. L’animation des personnages et des ennemis est bonne, sans plus. Bref, rien à déclarer.

Par contre, on peut parler du character design. Richter Belmont est notre jeune aventurier lambda, avec une tenue bleue sans manches, Dracula un seigneur de la nuit encapé, Shaft le prêtre maléfique dans sa bure violette, jusque-là rien de spécial. Non, ce qui est spécial, c’est Maria Renard. Pourquoi ?
Candy au pays des vampires, voilà ce qui est spécial.

En effet, la jeune Maria n’est autre qu’une petite fille qui se balade dans une robe rose avec un nœud rouge dans ses cheveux blonds et bouclés, entourée de ses amis les nanimos. Personnellement, je critique pas ce choix graphique, je trouve ça marrant, mais si vous surkiffez l’ambiance gothique des Castlevania, vous préférerez sans doute oublier qu’elle existe.

À noter que les cinématiques en images fixes sont vraiment pas belles. Les personnages ont été conçus avec un style graphique similaire à celui des dessins-animés japonais des années 80, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose en soi, mais je trouve que ça rend très mal dans ces « cinématiques », et ça donne une gueule de con à Dracula, notamment.


Musique et sons

Voilà qui est important pour un jeu dont le titre évoque la musique classique. Or, il n’y a pas mensonge sur la marchandise, on a le droit à de la bonne musique, comme souvent dans la série. On alterne entre des sonorités baroques et rock, et les fausses notes sont rares. On retrouvera pour notre plus grand plaisir des remixes de Bloody Tears et de Vampire Killer, les thèmes les plus classiques de la série : le top.

Les bruitages ne demandent pas à ce qu’on s’y attarde (rien de remarquable et pas de problèmes), par contre il y a des voix. Sur la version PSP, ça a été traduit en anglais, et c’est du niveau des dialogues de Symphony of the Night, ou au moins aussi navrant. Sinon, vous avez le droit à du japonais (je pense que la version Console Virtuelle garde les voix en japonais).

Durée de vie

Comme j’ai joué à ce jeu par petites sessions à cause de mon emploi du temps chargé, j’aurais bien du mal à quantifier la durée de vie du jeu en heures. Disons juste que vous devrez traverser huit niveaux de plates-formes pour accéder au combat final (et deux niveaux avec juste un boss), ce qui ne représente pas une quantité phénoménale de temps, quelques heures à peine. Toutefois, la richesse de ce genre de jeux repose sur sa rejouabilité : comme je l’ai dit, plein de choses sont cachées dans les niveaux du jeu. Ainsi, tenter d’accéder aux niveaux optionnels ou de débloquer les autres fins vous prendra autant de temps que vous voudrez y investir. Vraiment, la force du jeu du point de vue de la durée de vie repose sur sa rejouabilité.

En bref…

Histoire : 7/20
Je lui aurais mis la moyenne si les développeurs n’avaient pas voulu en faire trop avec le scénario bateau du jeu. Les petites cinématiques kitsch, bien que très rares, sont ratées. Donc moins que la moyenne.

Gameplay : 16/20
Malgré la rigidité de Richter (Maria est plus souple), malgré le level-design peu inspiré, le jeu est complet et très plaisant à jouer. La difficulté est modérée, mais suffisante pour qu’on ne s’ennuie pas.

Graphismes : 14/20
C’est réussi mais globalement ça manque d’originalité.

Bande-son : 18/20
Il n’y a pratiquement rien à redire sur cette bande-son. Et puis bon, y’a Bloody Tears et Vampire Killer, ça rend ça difficile de cracher.

Durée de vie : 14/20
La rejouabilité est le point fort du jeu, mais l’aventure reste un peu courte, malgré tout le contenu caché.

Note finale : 15/20
Avec l’époque des premiers Castlevania loin derrière nous et celle des Metroidvania qui semble sur la fin, il est bon de se mettre sous les yeux un jeu qui était à la charnière de ces deux-ci. Ainsi, si ce Rondo of Blood reste dans les traces des premiers sur plein de points, il perd de leur linéarité et gagne en accessibilité. Est-ce qu’ainsi le jeu plaira aux fans de l’une et l’autre formule ? Je dirais que oui. Malgré son manque d’originalité sur pas mal de points, Rondo of Blood est un jeu réussi et plaisant, sans excellence mais très efficace.