Developpé par Grezzo, l’équipe derrière les remakes 3DS des Zelda de la Nintendo 64, Ever Oasis est un nouveau jeu imaginé par Koichi Ishii. Si le nom ne vous dit rien, ce n’est pas le cas de son oeuvre et pour cause : il est un ancien de chez Squaresoft ayant travaillé sur les premiers Final Fantasy et ayant crée la série des Mana. Travaillant son concept, depuis quatre ans, il revient à ses amours pour l’action RPG en y ajoutant une dose de gestion à la Animal Crossing. Le cocktail est-il aussi réussi que l’était le Fantasy Life de Level 5 ?
Une oasis qui coule de source
Ever Oasis prend place dans un monde désertique appelé Vistrahda, où les havres de paix sont des villages oasis créés par des génies de l’eau et habités par des petits êtres, les « Granéens ». Malheureusement, l’entité du Chaos souhaite mettre un terme à ce bonheur et détruit les oasis une à une. Le frère de votre héros, chef d’un village se sacrifie pour vous sauver et vous envoi à l’autre bout du désert. Dans la flaque d’eau ou vit le dernier génie de l’eau, il vous faudra construire la dernière oasis, la faire prospérer et vaincre les forces du mal.
La partie « faire prospérer » occupe une grande place dans l’aventure d’Ever Oasis. Au fil de vos expéditions à l’extérieur, vous rencontrerez des habitants perdus ou voyageurs qui souhaitent rejoindre votre village. Cependant, la venue d’un nouvel arrivant est rarement gratuite et donne lieu à une ou plusieurs quêtes qui se résument le plus souvent à aller chercher tels objets ou battre tel monstre. En tant que chef, c’est vôtre rôle pour agrandir votre village d’être toujours au petits soins pour vos habitants. Ces derniers construiront d’ailleurs des échoppes (librairie, crêperie, etc.) qui attireront également d’autres âme perdues du désert vers votre havre de paix. En plus d’appâter le chaland, il faut également veiller à la bonne tenue des boutiques et donc au bonheur des commerçants. Une de vos missions de gestion sera donc de toujours veiller à ce que les stocks soient bons pour chaque boutique ! Cela est nécessaire pour votre attractivité, une boutique vide n’attirera personne et ne vendra rien, mais aussi pour vos dividendes, chaque boutique vos rapportant à intervalles réguliers des aquagemmes, la monnaie du jeu.
De ce point de vue, Ever Oasis arrive à mêler efficacement les deux genres (action et gestion) qui font ce titre. Chaque action dans votre village aura des répercussions positives sur le côté exploration et action RPG. Par exemple, la bonne tenue de votre Oasis vous donnera d’autant plus de vie à vous et vos compagnons et, tout aussi important, vos dividendes ramassés en boutique vous permettront d’acheter à des marchands ambulants divers objets ou denrées. Bien entendu, jeu de bédouins oblige, il est possible de faire du troc. Si vous devez tout faire par vous même au début, certaines tâches peuvent ensuite être déléguées à vos habitants échange d’argent. Vous n’aurez ainsi plus à vous occupez des récoltes ou des expéditions en vue d’amasser aliments et autres ingrédients.
De l’eau dans le gaz
Cependant, la bonne tenue de votre village n’est pas votre seule occupation. Dehors, le Chaos gronde et il faut vous charger de la chienlit. Pour son côté Action-RPG, Ever Oasis vous permet de parcourir diverses zones proposant chacune une variante environnementale du désert (rocheux ou encore la savane), elles-mêmes contenant de nombreuses grottes plus ou moins grandes. Certaines n’existent que pour servir une quête optionnelle ou trouver des objets rares, d’autres, plus abouties sont là pour servir de donjon lié au scénario.
Si ces derniers ressemblent à ce que l’on peut trouver dans un Zelda, ils n’atteindront jamais l’exigence de la série de Nintendo. La différence principale se résume dans votre gestion de l’équipe. Si Link porte tout sur lui et se débrouille seul, votre héros devra être accompagné de maximum deux autres personnages et chacun possède des compétences qui lui sont propres. Que ce soit pour les combats, où les manieurs de lance sont efficaces contre les serpents par exemple, ou avec les énigmes ou seules certaines capacités peuvent permettre de progresser comme le parachute. De même, pour la collecte de certains matériaux, où un seul un type de personnage particulier peut s’en charger.
Fort heureusement, si l’exploration vous est bloqué parce que vous n’aviez pas prévu d’emmener telle compétence, un système de téléportation vous permet de voyager rapidement à votre oasis (où vous recrutez les co-équipiers) et de revenir très vite au donjon. Ce qui vous donne aussi l’occasion de cesser d’explorer un donjon pour vous occuper de vos boutiques ou reprendre une autre quête en cours car le temps continue de s’écouler que vous y soyez présent ou non.
Vous pouvez ainsi évoluer à votre rythme et selon vos envies.
De l’eau dans son vin
Malheureusement, pour les joueurs aguerris que nous sommes Ever Oasis ne propose pas le meilleur des deux mondes. L’aspect gestion n’est pas très développé et se contente juste de ré-approvisionner les boutiques que vous avez choisies de mettre, ainsi que la disposition des boutiques.
Côté aventure et action, le monde du désert n’est pas bien grand et les donjons ainsi que les ennemis rencontrés ne vous poseront jamais vraiment de problème. Vous n’avez pas non plus besoin de faire évoluer vos équipiers, étant donné que d’autres plus forts arriveront régulièrement dans votre village. Au final Ever Oasis propose un mix de deux genres, mais sans jamais chercher à en privilégier l’un à l’autre, les deux restant très succincts sans jamais aller en profondeur.
En revanche, avec sa direction artistique très réussie, son design mignon et son approche simple des choses (tout est d’ailleurs expliqué dans de longs tutoriaux au début), Ever Oasis est sans aucun doute le parfait candidat d’un jeu pour enfant ou pour une personne inexpérimentée qui veut profiter et découvrir ces deux types de jeu sans se casser la tête. En cela, même si le jeu Fantasy Life de Level 5 est, sur le même créneau, bien plus réussi que le titre de Grezzo, Ever Oasis propose une variante qui en intéressera plus d’un par son approche plus simple.
J’aime :
- La direction artistique réussie
- L’aspect action/gestion équilibré
- La bonne gestion de l’équipe pour progresser
- La possibilité de déléguer
- Une progression adapté au format portable
J’aime pas :
- Que ce soit la gestion ou l’action, les deux sont trop simplistes
- Les nombreux aller-retours au village
- Une aventure trop courte
- Des quêtes de facteurs trop répétitives
Si la direction artistique et la proposition de mêler action et gestion attire chez Ever Oasis, le résultat est néanmoins mitigé. Le titre de Grezzo ne se contente que d’effleurer la surface des deux aspects de son jeu malgré quelques idées intéressantes. Si le titre laissera sur sa faim les joueurs expérimentés que nous sommes, Ever Oasis conviendra en revanche parfaitement à des enfants ou des personnes peu coutumières du jeu vidéo. Le précédent reproche devenant ainsi un bon argument pour ceux qui veulent profiter d’un jeu sans pour autant s’investir dans une gestion complexe ou se prendre la tête dans des donjons retors. Enfin, pouvant être facilement joué en petites sessions sans en perdre le fil, il est réellement adapté au format portable de cette console.