Le football, véritable culte pour les passionnés, simple jeu pour les profanes ou générateur de conflits pour les détracteurs ne finit pas d’attiser la polémique. Il reste toutefois le sport le plus populaire et le plus pratiqué dans le monde. Et comme c’est le cas pour tout ce qui est populaire, le football a droit à des simulations vidéoludiques. A priori on pourrai croire que le football sous sa forme virtuelle a au moins le mérite d’éteindre le feu crée par les guerres de supporters mais en réalité il n’en est rien. Le jeu vidéo aura lui-aussi droit aux combats inexorables d’aficionados du foot. A ma droite, FIFA Football, la série d’Electronics Arts réputée pour sa licence en or et son approche spectaculaire du sport. A ma gauche, Pro Evolution Soccer, le challenger dont les atouts sont un réalisme et une profondeur de jeu inégalables. Au centre du ring, d’innombrables fans prêt à tout pour montrer la supériorité de leurs séries fétiches. Et chaque année, les éditeurs mettent à jour leurs simulations pour que le grand match puisse se dérouler comme prévu. L’année 2004 n’échappera pas à la règle.
FIFA is back again…
Le football selon E.A.
Au moment ou ma Gamecube charge FIFA 2004, j’examine la jaquette du jeu. Thierry Henry, Alessandro Del Pierre et Ronaldinho, trois stars du foot prennent des poses d’un naturel douteux sur un fond gris métallisé légèrement stylé. Pas de doute, nos trois arguments d’autorité imparables et les accroches maîtrisées du type « la plus grande expérience footballistique de tous les temps de la terre du monde de l’univers ! » auront sans doute raison d’un public on ne peut plus large. Mais trêve de commentaires, ma sauvegarde est crée et le jeu peut commencer. Avant cela, une introduction apparaît à l’écran.
On y retrouve les trois célébrités faire quelques dribbles et autres acrobaties dans un stade éclairé par un hélicoptère, le tout sur fond de rock survitaminé. La mise en scène énergique à souhait et l’attitude branchée des joueurs mettent en lumière une action plus soutenue que jamais. On se croirait dans une pub pour Nike et au fond la comparaison n’est pas anodine puisque le jeune consommateur de « sketbas » à 80€ est la cible d’Electronics Arts. La série des FIFA doit son succès essentiellement à son approche spectaculaire du football et ça, EA l’a bien compris.
Graphismes
Début d’un match, les joueurs entrent sur le terrain, la pelouse est bien verte, le stade est bourré à craquer… Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Enfin, pas tant que ça en fait. J’aurai même tendance à penser que tout va trop bien dans FIFA, les joueurs se déplacent le torse bombé, la démarche assurée et font des gestes d’encouragement exagérés. Mes remarques peuvent paraître futiles et infondées mais honnêtement je n’ai jamais vu des joueurs de football se comporter sur un terrain de la sorte. De même le stade est toujours agité comme si l’on assistait à une finale de ligue des champions : les tribunes sont inondées de drapeaux et autres panneaux et on peine à trouver une place de libre dans les tribunes, même lorsqu’on assiste à un Sochaux – Guingamp ! Certes, on retrouve assez bien une ambiance digne des sommets des championnats européens mais je ne peux m’empêcher de trouver le tout un peu exagéré et surtout très superficiel.
Passons outre ces quelques remarques, techniquement il faut admettre que ce FIFA assure. La modélisation des joueurs est assez fine et surtout on reconnaît très vite les visages des stars du foot. La représentation des meilleurs joueurs a même bénéficié d’un soin tout particuliers puisqu’on peut les reconnaître uniquement à leur comportements sur le terrain. Ainsi Roberto Carlos pique des sprints avec le dos très courbé et Zidane se déplace de manière nonchalante comme c’est le cas dans la réalité. D’autres petits détails sympathiques sont à noter comme les traces de terre sur les maillots qui se font au fil du match ou encore la représentation fidèle des maillots comportant les insignes, les numéros, les noms et les sponsors.
Notons aussi la modélisation parfaite de l’architecture des stades. Il est aisé de reconnaître les enceintes les plus connues du monde comme Santiago Bernabeu, Old Trafford, San Siro ou encore le Parc des Princes. Tous les moindres détails sont représentés avec précision, comme le dit si bien le philosophe Jamel Debbouze : « Ça fait plaisir ! » ^^.
Par contre, là où ça fait pas plaisir, c’est au niveau de l’animation. Bon, les mouvements de joueurs sont corrects mais pour la stabilité du framrate du jeu c’est une catastrophe. Il arrive fréquemment que l’affichage chute en dessous des 24 images par secondes ! Un scandale pour un jeu sur Gamecube ! Ces problèmes d’animations sont assez inexplicables puisqu’ils apparaissent invariablement dans le jeu. Pire encore : ces chutes du framrate sont plus fréquentes en multi-joueur ! Alors là je me transforme en Pierluigi Colina, je sors de ma poche mon petit étui à cartons et je brandis le carton rouge. Oui c’est sévère mais pour casser le rythme dans un jeu de foot, il n’y a vraiment rien de mieux que les problèmes d’animation.
Gameplay
Jusqu’à l’arrivée de Pro Evolution Soccer, le football d’EA Sports était orienté 100% arcade. Puis avec la révolution lancée par Konami, EA a perdu pas mal de parts de marché. Ras le bol des frappes de 40 mètres en pleine lucarne après avoir dribbler 3 joueurs, maintenant les fans de foot veulent du beau jeu mais pas à n’importe quel prix. L’éditeur américain était face à un gros dilemme, comment orienter FIFA ? Continuer dans l’arcade au risque de perdre de plus en plus de fans convertis à PES ou jouer la carte de la simulation et risquer de déstabiliser les joueurs arcade ? Finalement, EA a préféré jouer la sécurité (comme d’habitude) et s’est lancé dans un compromis simulation/arcade qui ne plaira sans doute pas à grand monde (comme c’est le cas pour tous les compromis).
Un gameplay arcade suppose une prise en main quasi-immédiate et des mécanisme faciles d’accès. C’est évidemment le cas dans FIFA 2004 puisque n’importe qui peut maîtriser les techniques de bases en quelques minutes à peine. Il est presque inutile de passer du temps dans le mode entraînement puisque les enchaînements ont été simplifiés à l’extrême pour rendre le jeu plus fluide et plus facile d’accès. Une action se résume donc le plus souvent à une succession de passes entre les différentes lignes, le tout étant conclue par un bon vieux dribble des familles et un tir puissant. Voilà à quoi se résume le football selon EA, rien ne sert d’élaborer des tactiques et d’expérimenter des stratégies inédites puisque celles-ci n’auront quasiment aucun impact sur votre jeu. L’intelligence artificielle de vos coéquipiers est tellement faibles qu’ils sont incapables de s’organiser en fonction d’une tactique préétablie. Ils se contentent de répondre à leurs scripts rigides. On se retrouve donc forcé de jouer toujours de la même manière, on accumule les passes en attendant que la défense adverse ne se troue et on lance quelques dribbles sporadiques. Evidemment, l’intérêt du jeu en pâtit énormément.
Et si l’on peut blâmer l’IA des coéquipiers, il en est de même pour celle de l’équipe adverse. En effet, celle-ci est pleine de défauts. Les joueurs se contentent de répéter inlassablement les mêmes actions. La ligne de défense se déplace avec une lenteur hallucinante, on en vient à se demander si son comportement n’a pas été inspiré par celui d’une équipe de division d’honneur ! A force de toujours suivre le porteur du ballon, la défense finie par laisser des espaces énormes que l’attaque devrait exploiter pour se créer des occasion. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il est très difficile d’utiliser ces espaces, vos coéquipiers sont tellement mauvais qu’ils sont incapables de profiter des erreurs de la défense ! Au final, on se retrouve donc dans un match bien triste avec d’un côté une défense stupide et de l’autre une attaque incapable d’exploiter la bêtise de leurs opposants. Même dans les cours de récréations on ne trouve pas de spectacle aussi grotesque !
Plutôt que de pallier les défauts de l’intelligence artificielle des joueurs de foot, EA a préféré améliorer le gameplay et tente d’innover un peu. Dans FIFA 2003, l’innovation s’appelait le « Freestyle ControlTM » et dans FIFA 2004 c’est le « Off-The-Ball ControlTM ». Ces deux possibilités s’avèrent intéressantes en théorie mais dans la pratiques elle sont aussi pitoyables que leurs noms ! Tout d’abord, le Freestyle Control sert à effectuer des gestes techniques en inclinant le stick C dans la direction où l’on souhaite orienter le dribble. Intéressant, n’est-ce pas ? Bah… Nan pas trop ! La gestion des duels est tellement mauvaise dans FIFA 2004 que la réussite des geste technique deviens très aléatoire. Dommage. Et pour le Off-The-Ball Control c’est pareil. Théoriquement, le système permet de contrôler simultanément un milieu de terrain qui avance avec le ballon et un attaquant qui tente de se démarquer de son défenseur attitré. Encore une idée séduisante, non ? Baaah… Nan pas vraiment ! Là encore, il est très difficile de tirer parti du Off-Ball Control. Tout d’abord, cette technique exige d’utiliser simultanément le stick principal, le bouton Z, le stick C puis un bouton pour faire une passe. Voilà qui complique pas mal la manœuvre et puis surtout, contrôler deux joueurs situés aux extrémités de l’écran en même temps demande une dextérité hors du commun. On abandonne donc vite cette option. Dommage.
Musiques et sons
Electronic Arts a bien compris un truc essentiel : quand on est pété de thune mais qu’on a pas de talent, on utilise son fric pour pallier ses lacunes. Et comme EA n’a aucun bon compositeur de musique sous la main… bah autant acheter des musiques de groupes qui plaisent aux djeuns. Ainsi depuis 1998, la sortie d’un FIFA est l’occasion pour l’éditeur américain de compiler les groupes les plus populaires du moment. Si les précédentes éditions avaient fait la part belles au rock électrisant avec Blur, Gorillaz, Fatboy Slim, Appolo 440 ou encore Idlewild, cette année, FIFA se la joue éclectique en rassemblant des musiques aux styles très différents. On notera surtout la présence du rock orienté « sixties » des Kings of Leon avec Red Morning Light. Les anglais surdoués de Radiohead se font aussi remarquer avec le très contrasté Myxomatosis (aussi excellent soit-il, le titre dénote un peu dans un jeu de foot). Les Dandy Warholds font aussi leur apparition avec le très psychédélique We Used to Be Friends. A noter aussi la présence l’acid-pop allemande de Wir Sind Helden avec Guten Tag et le néo-métal ambitieux des gallois des Lostprophets avec Burn Burn. Par ailleurs, la musique électronique n’est pas en reste dans ce FIFA avec Underworld (Two Months Off), Paul Van Dick (Nothing but You) ou encore les français de Clones (Crazy Boys). Enfin, le reste de la bande-son de ce FIFA se compose essentiellement de groupes très underground ou encore de musique « world ». En bref, les musiques de FIFA 2004 sont toutes de très bonne qualité même si au moins la moitié d’entre-elles ne s’accordent pas du tout avec le monde du foot.
Passons tout de suite aux sons qui ont un rapport direct avec le jeu. Tout d’abord, le son de du public du stade est absolument incroyable. Il s’agit sans aucun doute du rendu le plus fidèle des supportaires dans un jeu de foot. Selon Electronic Arts, plus de 300 chants et sons de foules ont été enregistrés pour l’ambiance sonore du stade. Le résultat est véritablement une réussite puisque la foule réagit de manière très réaliste en fonction des situations. Les supportaires chantent les vrais chants des clubs comme le traditionnel « Pariiiis is magiiiiic ! » du PSG ou encore le classique « Nous sommes les marseillaaaiiiis et nous allons gagneeeer ! » de l’OM (amis de la littérature : bonjour ! ^^). L’ambiance sonore d’un match varie énormément d’une situation à l’autre (défaite, victoire, égalisation, carton rouge, lourde défaite, but en or, etc…). L’ambiance sonore est donc excellente.
Enfin, quelques mots pour parler des commentateurs. Cette année, c’est Grégoire Margotton et Rémi Garde de Canal + qui ont été choisis. Leur prestation est plutôt honnête mais personnellement, je ne vois pas l’intérêt de mettre des commentateurs dans un jeu vidéo de foot. Certes, ça fait réaliste mais les phrases tournent en boucle si bien qu’à la fin, on connais par cœur les remarques. Heureusement l’intonation des deux hommes est très correcte, notez que les remarques de Remi Garde sont d’un intérêt très discutable (du type « Et ooouuuiiii cette équipe viens de prendre un but en première mi-temps, nul doute qu »ils vont tout faire pour égaliser ! » au cas où si une équipe menée n’avais pas envie de gagner son match -_-‘).
Durée de vie
Avec la FIFA, Electronics Arts possède une licence en or : des dizaines de compétitions, des centaines de clubs et des milliers de joueurs. Bon, tout ça c’est bien sympa mais vu la nullité du gameplay, c’est pas avec des milliards d’équipes que EA va nous donner envie de jouer à son jeu. Alors voilà, on a beau essayer toutes les compétitions possibles et imaginables et jouer avec toutes les équipes du monde, on en reviens au même point. Toujours les mêmes matchs, toujours les mêmes situations, toujours les mêmes buts. Pour relancer un peu l’intérêt porté au jeu, EA a créer le mode carrière qui se révèle assez sympa mais qui aurai pu être surpuissant si les matchs n’avaient été aussi mauvais. Dans ce mode, vous vous engagez comme un entraîneur dans un club. Le président de l’équipe fixe un objectif à atteindre accompagnés de clauses (exemples : se qualifier pour une coupe d’Europe, se maintenir en première division, encaisser moins de 25 buts en une saison, etc…). et bien sur si vous faites une mauvaise saison, votre président n’hésitera pas à vous envoyer à l’ANPE ^^. Dans le cas contraire, vous aurez des propositions de clubs prestigieux à la recherche d’un entraîneur.
Malgré une licence énorme et des modes de jeux intéressant, FIFA 2004 peine à atteindre une durée de vie décente. Entre les problèmes de fram-rate, le gameplay arcade et l’intelligence artificielle digne de celle d’une palourde, difficile de ne pas se lasser.
En bref…
Graphismes : 14/20
Au niveau du rendu graphique, le résultat est très bon. La modélisation des joueurs et des stades est fine et précise. On reconnaît facilement les tronches des joueurs célébrés. En principe j’aurai du mettre une très bonne note mais j’ai deux gros reproches à faire. Primo : le comportement des joueurs sur le terrain est un peu exagéré. Secundo : ÇA RAAAAAAAME !!! Intolérable !
Gameplay : 05/20
FIFA 2004 pêche là où un jeu de foot ne doit surtout pas faillir. Certes, le jeu est assez jouable mais le gameplay est incroyable fade. Les possibilités stratégiques sont nulles, l’intelligence artificielle des joueurs est ridicule et les phases de jeu sont inévitablement répétitive. Impossible de changer les schémas préétablis. FIFA c’est du football scripté où l’intelligence, l’ingéniosité, l’improvisation et la créativité n’ont pas leur place. En jouant à FIFA, à aucun moment je n’ai ressenti ne serait-ce que le centième des émotions perçues dans Pro Evolution Soccer. Les innovations qu’est censé apporter FIFA 2004 semblent encore en développement, seul le système des coups francs tire son épingle du jeu mais il reste un peu faible.
Musiques et sons : 17/20
Les musiques de FIFA sont excellentes mais elles ne suffisent pas à justifier l’achat du jeu. L’ambiance des stades est très bonne et les commentaires sont corrects. L’ambiance sonore de FIFA 2004 est l’une des rares réussites du jeu.
Durée de vie : 11/20
La licence FIFA et le mode carrière ne suffisent pas à augmenter l’intérêt porté au jeu. Le Gameplay est tellement mauvais qu’on a l’impression de toujours refaire le même match. Impossible de ne pas se lasser au bout de quelques matchs.
Note Finale : 08/20
FIFA 2004, c’est avantage un habillage en or utilisé pour donner l’illusion d’un jeu riche et profond. Ne vous fiez pas à sa licence, à ses graphismes, à son ambiance et à ses musiques, le dernier né de la série des FIFA ne vaut pas la peine d’être acheté. Le gameplay irrite, l’IA exaspère et l’animation donne des envies de suicide. Et d’ailleurs, j’ai passé de meilleurs moment en compagnie de FIFA 99 qu’avec le 2004, c’est tout dire ! Non vraiment je vous déconseille très fortement de l’acheter, même à bon prix où en occasion. Et d’ailleurs, heureusement qu’on me l’a prêté parce que si j’avais dépensé 60€ pour cette bouse, j’aurai été encore plus sévère ^^. Allez zou ! Directement à la poubelle !