C’est un fait. Depuis l’arrivée de la Wii, la console qui a dépassé tout ce qui se faisait en terme d’accessibilité, les jeux vidéo deviennent de plus en plus courts et de moins en moins compliqués. Il est loin le temps des jeux où les manettes volaient à travers le salon… Alors comment se faire une place parmi tout un tas de produits se ressemblant tous les uns et les autres ? En révolutionnant le genre ou en créant quelque chose. C’est là où Let’s Tap débarque, en révolutionnant son petit monde avec une nouvelle façon de jouer. Ou plutôt, une nouvelle façon d’interagir : en tapant sur une boîte. Ah bah oui, fallait y penser et c’est un pari risqué pour ce jeune studio, Propre, avec à sa tête le grand, l’immense, le génial, Yuji Naka.
Concept en carton ?
Pour comprendre Let’s Tap, il faut revenir trois ans en arrière, le 16 mars 2006 pour être plus exact. C’est à cette date (ou presque) que le grand Yuji Naka, le père de Sonic pour ne citer que lui, quitte la tête de la Sonic Team pour aller voir un peu comment ça se passe quand on est plus indépendant. Le 1er Juin 2006, le monsieur fonde son studio, Propre (on prononce Propé), avec une quarantaine d’employés, tout en restant très attaché à Sega en ce qui concerne l’édition de ses futurs jeux. Ce n’est donc pas un départ dans la haine et le sang, mais un départ plutôt bien pensé. D’un côté, Naka se retrouve plus libre de faire ce qu’il veut, quand il veut et comme il veut, mais perd aussi tout contrôle sur ses séries déjà existantes. D’un autre, Sega garde les licences que Naka a créées et investit un peu d’argent dans le capital de ce tout nouveau studio, pour en détenir 10%.
Le but de Naka ? Trouver de nouvelles idées pour faire avancer la grande machine de l’industrie du jeu vidéo. Peut-être à cause d’un ras-le-bol de créer tout le temps le même style de jeu ou tout simplement de voir toujours les mêmes licences. En tout cas, c’est avec Let’s Tap que le studio commence son histoire, avec un jeu qui n’en a pas. Ah bah oui, si vous vous attendiez à un jeu qui tue rien qu’avec son scénario, il va falloir repasser.
En effet, Let’s Tap s’assimile plutôt à une compile de jeux complètement concepts, sans histoire et sans liens.
Let’s moi taper où j’veux !
Pour jouer à Let’s Tap, pas besoin d’avoir bac +15. Une Wiimote et un support suffisent. D’ailleurs, le packaging du jeu est plutôt bien foutu sur ce point-là, puisque le jeu est vendu avec… deux boîtes en carton. Ouais. En carton. 30 balles le jeu et deux boîtes en carton. Avouez qu’il fallait oser. Mais Sega, c’est plus fort que toi ! Sortir un jeu dans lequel il ne faut pas toucher la manette, alors que celle-ci est la mascotte de la console, fallait vraiment oser.
Si le jeu est vendu avec des boîtes en carton, ce n’est pas juste pour faire joli. En effet, tous les jeux (au nombre astronomique de… 5) sont jouables de la même manière. On pose la Wiimote avec les boutons face contre boîte. Ensuite, il suffit simplement de tapoter sur la boite, à l’aide d’accessoires qu’on a déjà tous de série : nos doigts. Ceux-ci font donc des micro vibrations et la Wiimote interprète ça comme elle peut. Ce qu’elle fait d’ailleurs très bien, puisque c’est très sensible. Avouez qu’il n’y a pas beaucoup plus simple comme manière de jouer…
Sex tape ?
Hé non, Let’s Tap ne renferme pas une vidéo cochonne des mascottes de NintenDomaine. Par contre, il renferme 5 minis jeux. Oui, seulement 5, ça peut paraître peu. Heureusement, ils sont tous très différents, donc y a quand même moyen de prendre du plaisir. Et c’est parti pour une description, dans l’ordre de mes préférences, parce que je fais ce que je veux.
Marathon
Pour moi, c’est LE jeu qui vaut l’achat de Let’s Tap. C’est clairement le plus fun, qu’on soit seul ou à plusieurs. Même si je conseille fortement d’y jouer à 4, pour vraiment bien s’éclater.
Le but ? C’est une course de petits bonshommes, en scrolling horizontal, le tout en 2D dans un univers high-tech. Comme dans n’importe quelle course, il y a un départ et une arrivée. Je pense que je n’ai pas besoin de dire que le premier arrivé a gagné… C’est donc tout au long des 16 parcours qu’on devra tapoter tout doucement pour faire courir notre perso, taper un peu plus fort pour le faire sauter afin d’éviter toutes sortes d’obstacles, allant de la simple barrière, au bumper, côtes raides, descentes, à la corde qu’il faut traverser en marchant tout doucement dessus ou à celle où il faudra se la jouer Tarzan, tout en évitant les objets électriques qui nous ralentissent énormément.
C’est donc assez varié et vraiment très instinctif. Une nouvelle façon de jouer pour un futur jeu en 2D ? Franchement, je l’espère, et malgré cette façon de jouer hyper simplifiée, ça ouvre grand les portes de la création. D’aucuns diront que Nintendo est déjà passé par cette voix avec Donkey Kong Jungle Beat et que depuis, le concept est passé totalement à la trappe…
Garde le rythme
Il y a trois sortes de notes de musique, donc trois manières de taper. La première, c’est la note bleue, qui correspond à un coup faible à la limite de la caresse. La seconde, de couleur verte, c’est pour le coup moyen. Quant au gros coup de barbare, il faudra attendre une note rouge pour le déclencher. Dit comme ça, ça peut paraître simple. Mais en fait, c’est beaucoup plus dur que dans un Donkey Konga. Dans ce dernier, on avait les bongos, avec plusieurs endroits de frappe, mais ne prenant pas en compte la force de frappe. Là, c’est le même endroit de frappe, mais pas la même force.
Et d’ailleurs, je dois avouer que pour ce jeu, je triche un peu. J’arrive vraiment pas à doser proprement ma force sur la boîte et je joue comme ça : je pose la boîte en carton sur ma table basse, la Wiimote sur la boîte, et moi, je tape sur la table. C’est pas vraiment ce qu’il faut faire, mais j’y arrive pas si je fais comme il faut faire. Ce qui pose problème dans le jeu à plusieurs, vu que je fais trembler les Wiimotes des autres joueurs dans le cas du jeu multi (jouable jusqu’à 4).
Bref, un petit jeu bien amusant, si on aime la musique type électro / J-pop. En effet, Sega a préféré garder exactement la même tracklist que celle de la version japonaise. C’est pas plus mal dans un sens, mais faut vraiment aimer.
Bulles spatiales
Le but du jeu sera ici de déplacer un personnage volant (genre avec un Jet Pack), sur un plan 2D type scrolling horizontal. Se déplaçant tout seul comme un grand, il nous faudra quand même l’aider en tapant sur notre boîte en carton, pour lui faire prendre de l’altitude et donc, éviter les obstacles (le personnage redescendant automatiquement quand on s’arrête de taper). Mais ça ne s’arrête pas là, puisqu’on devra faire face à des ennemis, qu’on pourra terrasser en tirant de dessus, via un grand coup sur notre boîte.
Par contre, contrairement aux deux autres jeux, ce Shoot’em up est presque mieux tout seul. Bon, faut déjà dire qu’il n’est pas non plus terrible à en baver par terre. Mais en multi (jusqu’à 4 joueurs), il est vraiment chiant et vite bordélique.
Seul, ça en devient limite un jeu d’autiste ! Comme le parcours se génère aléatoirement, avec l’impossibilité de sauvegarder sa partie en cours, il se transforme en jeu « high score ». Par contre, dommage que la maniabilité et la précision ne soient pas vraiment au top du top. Quand on est déjà fan de Shoot’em up, on a bien du mal avec celui-ci.
Blocs silencieux
L’autre mode, Alchimiste, reprend le même principe mais sans le trophée. D’ailleurs, pour changer un peu, je trouve qu’il est mieux d’y jouer seul et d’avoir du temps devant soi.
On se retrouve donc devant une tour, toujours avec des blocs, mais cette fois-ci de différentes couleurs. Le but sera de faire se toucher trois blocs de même couleur. Une fois ceci fait, ils se transformeront en un seul et même bloc de bronze. Si on arrive à assembler trois blocs de bronze, ça forme un bloc d’argent. Ceux-ci nous donneront la possibilité d’avoir un bloc d’or et enfin, d’avoir le bloc ultime, celui de diamant. Evidemment, des petits pièges arriveront, comme des bombes ou même de nouvelles couleurs qui feront un peu chier, sans compter qu’il faut gérer au mieux l’équilibre général de la tour.
Illustrateur
La première, Feux d’artifice n’est autre qu’une sorte de simulateur. Si on tape n’importe comment, ça pète. Mais si on suit une suite de tapotement précise, on pourra déclencher des « figures », comme un feu d’artifice en forme de cœur, de rond, etc. C’est sympa, mais ça sert à rien et surtout, il n’y a pas de but. En plus, s’il faut trouver soi-même toutes les combinaisons, ça en devient très rapidement chiant…
Ensuite, nous avons la rivière (ou l’océan), qui reprend exactement le même gameplay que les feux d’artifice ! Sauf que là, c’est des poissons qui débarquent suivant ce qu’on tape. Mouais… c’est joli par contre.
Pour tomber dans le grand n’importe quoi, il faudra se tourner vers les modes Peintures et Encres. En effet, il s’agit là de taper pour dessiner… aléatoirement jusqu’à arriver à un dessin. Alors là, j’ai envie de dire bravo à celui ou celle qui arrive à tenir plus de 5 minutes en y trouvant un intérêt.
Enfin, il reste le mode Gemmes, qui consiste à balancer des boules pour les faire entrer dans des petits récipients. Ah bah oui, c’est conceptuel ! Mais ça n’a rien d’intéressant…
Techniquement, ça tape ?
Il n’y a pas grand-chose à dire, mais ouais, ça tape. C’est coloré, fluide, varié, plutôt agréable pour les yeux comme pour les oreilles. Ça ferait presque figure de démo technique par moment, mais comme c’est un petit jeu sans grande prétention, on peut donc passer l’éponge sur son côté simpliste et ne se concentrer que sur le fun.
Voilà. C’est peu comme explications, je le sais. Mais que voulez-vous de plus? Que je vous fasses une description de tout ce qu’on peut trouver dans le jeu ? Nan. Il suffit de dire que c’est agréable à l’oeil. Tout simplement !
Durée de tapotement
C’est là où ça casse l’ambiance. Avec un prix de 30€, un contenu unique de 5 jeux et un gameplay concept, c’était à prévoir. Let’s Tap sera la star de vos soirées pendant… une ou deux heures. Évidemment, le fait d’y jouer seul réduit considérablement cette durée de vie, mais à moins de trouver 3 ami(e)s complètement fans (ou alcoolisés, c’est au choix), il ne faudra pas s’attendre à y jouer tous les jours jusqu’à la mort. Il a bien des choses à débloquer, comme les médailles d’or dans le mode Marathon, les rangs S pour le jeu de musique (ce qui débloque 4 nouveaux morceaux), ou alors le high score pour le pseudo Shoot’em Up, mais ça n’ira pas plus loin. D’ailleurs, une fois que vous aurez tout débloqué, il ne vous restera plus que le high score, mais ça, si vous aimez l’arcade, ça ne devrait pas poser de problème.
En bref…
HISTOIRE : -/20
Y en a pas.
IDÉE : 20/20
Sérieux, l’idée est très bonne. Prendre tout le monde à contre-sens niveau maniabilité, je trouve ça plutôt énorme de nos jours. Enfin un peu d’originalité !
GAMEPLAY : 15/20
L’idée est vraiment bonne. Après, ce n’est pas tout le temps évident de faire le bon « tapage », et ça demande un peu d’entraînement. Mais une fois qu’on a bien assimilé le truc, c’est vraiment fun. Après, question jeu, ils sont assez variés pour nous faire vivre des expériences différentes.
GRAPHISMES : 13/20
C’est pas le plus beau jeu de la Wii, mais au moins, c’est soigné. C’est même très agréable à l’œil.
MUSIQUES ET SONS : 15/20
Pareil. On est très loin de ce qui se fait de mieux sur Wii, mais ça reste plutôt sympatoche, si tant est qu’on aime la musique électro / J-pop.
DURÉE DE VIE : 03/20 tout seul et 13/20 en multi
Bam. La note qui tue et qui fait descendre la note générale. En effet, à moins d’avoir 3 frères et sœurs, ou des ami(e)s qui viennent souvent chez vous, auquel cas il leur faudra aimer le concept (même si ça, c’est pas bien compliqué), la durée de vie ne dépassera malheureusement pas les deux heures de jeux pour débloquer tout ce qui va bien. Ensuite, ce sera des petites parties de temps en temps.
Note Finale : 05/20 tout seul et 13/20 en multi
Bam bam ! Hé ouais, 13/20 pour un jeu où faut taper sur des boîtes. Chui comme ça moi. Mais en même temps, 30 balles pour un petit jeu marrant, ça reste honnête. Oula, j’entends déjà des gens là-bas, au fond de la salle qui gueulent et crient au scandale parce que 30€, c’est hors de prix. Hé bien moi je dis que non, surtout quand je vois toutes les merdes qu’on a sur Wii, et qui sont vendues au prix fort. Après, je dois avouer qu’il aurait été tout aussi bien de le mettre en plusieurs parties sur le WiiWare, à encore plus petit prix. M’enfin, quand je vois des jeux vus et revus, se terminant en 5h, le tout pour 70€, j’me dis que Let’s Tap a très largement sa place dans la ludothèque Wii, du côté des jeux conviviaux. Ce n’est clairement pas le jeu solo de l’année, mais bien un des jeux apéro de l’année, voire de la Wii, et qui fera plaisir entre deux parties de Super Smash Bros Brawl ou Mario Kart Wii.