Noël 1999, pour beaucoup de vieux, cette période correspond à la terrible tempête qui a sévit en France. Pour moi, il s’agit sans aucun doute du meilleur Noël que j’ai passé, en compagnie de ma GameBoy Color qui se fichait de la coupure de courant à l’époque, puisqu’elle fonctionnait à pile. C’est en cette fin de 20ème siècle que j’ai pu commencer la quête ultime de ma vie d’écolier : tous les attraper !
Je ne remercierais jamais assez mes deux copains de classe de l’époque, m’ayant convaincu comme eux de demander à Noël ce sombre jeu inconnu qu’était encore Pokémon Version Bleu / Rouge. Sans doute que leur petits yeux bridés leur permettaient d’être un peu plus au courant du phénomène qui sévissait tout à l’est de l’orient depuis déjà 3 ans. Toujours est-il qu’on était une bande de 5 copains avec un exemplaire du jeu à la rentrée de janvier. Cependant, le dessin animé ayant commencé sur TFou à cette même période, le reste de l’école nous a très vite rattrapé.
Le début pour chacun consistait bien sûr à réunir les 8 badges et vaincre la ligue, ce qui n’était pas mince affaire pour nos petits cerveaux d’enfants. Je me rappelle encore de ma victoire finale comme si c’était hier. J’avais habilement sauvegardé après le combat contre Peter et tenté une bonne cinquantaine de fois avant de vaincre mon rival de toujours. Il faut dire qu’avec comme survivant un Triopikeur dans les niveaux 30, ainsi qu’un Dracaufeu dans les niveaux 40, c’était compliqué.
Ceci étant fait, j’avais exprimé ma joie devant ceux qui galéraient encore et je tournais en rond dans mon jeu. Heureusement, le dessin animé m’a bien lobotomisé le cerveau rappelé mon destin : celui de tous les attraper. Des échanges avaient lieu avec plein de camarades à ce moment là, on se voyait même le week-end, chez les uns, chez les autres ou même dehors pour faire nos échanges de bons procédés. Quand on y repense, la dimension sociale était quand même incroyable, jamais je n’aurais revu ça dans un jeu-vidéo.
Toujours est-il qu’un petit filou à l’esprit déjà capitaliste s’est développé en moi à cette période. J’avais la version rouge quand énormément s’étaient jeté sur la version bleue. Une chance, que dis-je, une aubaine. Mon seul Abo me permettait de chopper un Sabelette, un Goupix ou encore un Miaouss. Je ne parle même pas de mon Insécateur qui valait bien deux Magmar et deux Scarabrute à lui seul. Bien sûr, une fois seul dans ma chambre, je m’activais énormément à la chasse et j’étais plutôt efficace.
Quelques difficultés se sont offertes à moi. J’ai par exemple galéré à trouver un Kabuto, on avait tous fait le choix du fossile d’Amonita. Et le premier qui avait fait l’autre choix l’avait fait évoluer, quel abruti ! Cette histoire d’évolution aura finalement été ce qui m’a posé la plus grosse problématique.
Prenez les starters. Perso, j’avais pris Salamèche et il me fallait les deux autres. Cependant, chaque joueur faisait très vite évoluer son premier Pokémon, ce qui rendait l’espèce de base plutôt rare. Surtout que l’œuf n’existait pas à l’époque !
Bon, pour Carapuce, on peut dire que ça a été. Vu qu’il était choisi par 80% des joueurs et qu’un petit nouveau se joignait à la masse chaque semaine… j’ai fini par en avoir un.
Par contre Bulbizarre… c’était terrible. Je suis resté à 149 pendant des semaines à cause de ce Bulbizarre introuvable. C’était pas faute d’avoir essayé pourtant. J’ai bien discuté avec un futur possesseur du jeu qui avait prévu de prendre ce Bulbizarre. Et je lui avais promis le deal du siècle : ne fais pas évoluer ton Bulbizarre… et je te filerais tous les Pokémon que je possède ! Il avait dit ok… mais n’a pas tenu se parole, j’étais dépité. Comment allais-je pouvoir réunir les 150 Pokémon ?
Le messie arriva finalement d’un de mes meilleurs copains, le même qui m’avait conseillé le jeu quelques mois avant. Il avait fait l’acquisition d’une seconde version du jeu (l’autre couleur en gros) et me proposa de ne pas faire évoluer son Bulbizarre. Bien qu’il savait autant que moi que le jeu nous réservait qu’un simple diplôme sans intérêt, il voulait lui aussi le voir de ses propres yeux. C’est ainsi qu’un samedi après-midi dans ma chambre, la quête pu se terminer. Le suspens a bien duré une heure car on s’est rendu compte qu’il fallait un badge pour pouvoir faire des échanges. Puis une fois Bulbi arrivé à bon port, on a voulu vérifier la rumeur qui disait qu’on pouvait avoir Mew avec les 150 et sans diplôme. Bien sûr, c’était une rumeur fausse, comme tant d’autres (tandis qu’une réelle méthode fut découvert des années après).
Petit appel à Chen qui me félicite et direction Céladopole pour chopper le diplôme. Franchement, c’était moisi, il faut le dire. Autant d’effort et de labeur pour un truc aussi simplet, c’était quand même terrible. Mais bon, c’est ainsi et ma fierté d’avoir réussi n’en fut pas moins amoindrie. Tellement fier que dès le lundi suivant, je l’ai évidemment fait savoir dans toute l’école, surtout que j’étais le premier et l’unique à avoir réalisé l’exploit.
Bien sûr, ceci n’aurait pas été possible sans mon ami à qui je dois cette dernière pièce de puzzle. Ce même copain qui m’aura donc accueilli dans son appartement au Japon 15 ans plus tard, c’est beau l’amitié.
PS : Ce que l’histoire ne dit pas c’est qu’une à deux semaine après, un mec détestable s’est ramené fier de lui et de ses 151 Pokémon. Oui 151… Merci l’Action Replay. Je crois que depuis ce jour, je déteste la triche.