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Tests : NESGBSNESN64GBANGCDSWii3DSWii U

99 no Namida

Le

par

J’étais en train de me dire que ma vie était géniale. Un boulot avec des horaires bien comme il faut et surtout un salaire bien plus qu’il n’en faut. Une petite copine bisexuelle, roulée comme le plus beau des nems et qui est pour le ménage à 3. Des chiens qui me ramènent mes pantoufles et mon journal, qui me servent le petit déjeuner au lit et me frottent le dos sous la douche. J’ai même une Wii HD avec des jeux dedans! En plus quand je marche dans la rue, j’ai toujours Mika qui chante à fond les ballons « Love Today » dans mon dos histoire de bien signifier à ceux qui ne l’avaient pas compris que j’ai la belle vie. Enfin bref, j’étais au paradis quoi ! Alors histoire de me rapprocher un peu des gens normaux qui ont des problèmes et qui se demandent comment ils vont nourrir leur poisson rouge à la fin du mois, j’ai décidé de faire un geste et de verser une petite larme pour eux. Quoi de mieux que 99 no Namida pour ça ?

99 no Namiquoi ?

Eh oui ! Après mon coach personnel : je cuisine, j’apprends l’espagnol, je fais du sport, j’arrête de fumer, je mets mes chaussettes, je fais mes lacets, je ne me tripote pas en public… Enfin après tout ça quoi, voici enfin le coach ultime : J’apprends à pleurer ! Eh oui, ce jeu est fait pour nous les insensibles asociaux caractérielles qui se fichent bien de la misère du monde. Comme je n’en pouvait plus d’être le seul à me bidonner comme un fou au cinéma en voyant cette comédie sur ce cancéreux, lépreux, analphabète et trisomique qui se fait saisir tous ses biens par un huissier, je me suis dis que moi aussi j’aimerais avoir tout plein de nuage dans mon coeur. Alors j’ai pris mon jet privé direction Tokyo pour mettre les mains en avant premières européennes sur ce fabuleux bijou qui allait enfin faire de moi quelqu’un de triste. Quelle chance !

Aucune déviance seksuelle comparé à Project Rub.
Dommage, on aurait pus y croire.

L’expérience sera d’autant plus enrichissante que je ne sais pas aligner deux autres mots que « domo arigato » en japonais, et encore moins déchiffrer les kanjis et autres gribouillis stupide. C’est pas faute de plisser les yeux, pour moi ça reste des formes insondables. Par contre, ce que je sais, c’est que 99 No Namida signifie 99 larmes et que le soft contient 99 histoires rédigé avec passion et amour pour l’homme qui a perdu sa mère d’une maladie.

Premiers pas

Alors voila, la cartouche est insérée dans ma DS Lite incrustée de rubis et j’appuie sur le bouton POWER taillé dans un lingot d’or massif. Passé les sempiternelles logo des créateurs et éditeurs (ah tiens, c’est de Namco ce jeu ?), j’arrive directement dans un menu tout plein de fleur verte qui doivent sûrement signifier la mort aux rats, mais bon, je suis pas fleuriste. Ce menu semble vouloir quelque chose de moi. Je dis bêtement bonjour dans le micro de la DS et après avoir constaté l’inutilité de la chose et avoir tué tous les témoins de cette scène humiliante, je remarque un petit clavier m’invitant à taper quelque chose et une surface me permettant de griffonner ce que les japonais appelant de l’écriture. C’est probablement mon nom qui m’est demandé… Mais comme je suis joueur, je mets pas le vrai, je préfère signer « Zoro ».

Essayez d’écrire Zoro en kanji, on en reparlera après…

J’appuie sur ce qui me semble être le bouton « confirmer » et me voila dans un autre menu où cette fois il semble qu’il faille écrire une date. Peut être bien qu’il s’agit de ma date de naissance, mais ne pouvant rentrer le 25 décembre de l’année -1, j’ai mis la date d’aujourd’hui puis j’ai confirmé. Vient ensuite un fascinant système anti-mytho puisqu’on me redemande une date. Sûrement pour ces femmes qui ont honte de mettre leur vrai âge. Alors je remets la même date, comme ça, vu qu’il l’a en double, il pourra l’échanger avec un copain. S’ensuit une série de questions fermées probablement très pertinentes pour cerner le personnage que je suis mais auxquelles j’avoue ne pas avoir répondu en étant parfaitement honnête avec moi même. Probablement des questions qui essayent de savoir sur quelle corde jouer afin de nous faire pleurer ou au contraire, pour savoir où il ne faut surtout pas appuyer. Néanmoins, ma mère étant super canon et plus jeune que moi et étant donné que c’est elle qui m’achète mes sous-vêtements, je ne voyais pas comment je pouvais être malheureux et susceptible sur tout ce qui a un rapport à ma vie. Je confirme (les réponses au question, pas toute ces conneries sur ma pseudo vie).

Voila qui me semble parfait et complètement représentatif de ma vie : un gros n’importe quoi.

Soudain, l’écran s’assombrit et le silence est rompus par la voix cristalline d’une japonaise de 18 ans à qui on vient probablement de marcher sur le pied. Puis viens la pluie qui tombe d’un ciel sans nuage sur une pauvre femme, en imperméable, si petite parmi tous ces immeubles qui l’entourent, comme si la pauvre était opprimée par tous ces géants de béton qui faisaient office de cage à des millions de japonais malheureux. Je me retourne, et je vois Mika qui fuit au loin pour se mettre à l’abri de la pluie. Mon bonheur se faisait-il vraiment la malle alors que je pénétrais dans l’univers de ce jeu ? Oh non, je sens comme une larme poindre sous mon oeil ! …

Ah non, revoilà Mika. Il était juste parti me chercher un café au lait ! Et c’est pas une larme, c’est la pluie, suis-je con. Bon bah continuons alors à suivre cette énigmatique jeune femme qui a défaut d’être moche, n’as pas de visage. La voila qui entre dans une cabane en bordure de forêt, loin des immeubles. L’ambiance est feutrée, la lumière douce et rare ne s’échappe que d’une petite bougie posée sur le grand bar qui se dresse dans l’unique salle de la cabane. On n’entend plus la fille qui a mal au pied d’ici et c’est tant mieux car le bruit de la pluie sur la taule faisant office de toit est bien plus mélodieux. Là, on attend un peu… quand soudain, apparaît un moustachu qui aurait sûrement l’air très ténébreux mais néanmoins très sage avec ses énormes sourcils broussailleux, sauf qu’il n’a pas de sourcil.

Bonjour, je n’ai peut être pas de sourcil mais ça n’veux pas dire que je ne suis pas pédophile !

Il regarde la jeune fille et dit de sa voix la plus inaudible : Kisho lardonu itaye byen krayon kouye karibu. Des mots poignants. Il invite ensuite la fille à passer devant lui pour l’emmener à l’arrière boutique, à l’abri des regards indiscrets, avant de lui demander de choisir sa bougie. Une fois choisie, la fille l’allume de ses mains et la scène insoutenable se déroule alors sous nos yeux ! Oui, ça commence ! Même Mika est choqué et n’a plus de souffle devant ce qui se déroulera pendant environ 15 minutes ! On ne peut rien y faire… Nous assistons impuissant à ce spectacle glauque et navrant !

Il était une fois…

Eh oui, une fois la bougie allumée, c’est bien l’histoire triste à pleurer qui commence ! (Vous pensiez à quoi ?) La cabane disparaît autour de nous pour laisser place aux cimes des arbres qui feront office de premier arrière plan du récit tandis que du texte tout de katakana vêtu défile de bas en haut sur l’écran supérieur, l’écran inférieur affichant un écran noir et désespérément vide. Aucune facétie, aucun grain de folie, aucune volonté de ponctuer l’histoire n’est remarquable : le texte défile de manière fluide et constante sans caractère coloré, gras ou souligné. Une petite mélodie toute douce au piano débute et se répètera inlassablement jusqu’à la fin de l’histoire. Et la fin… putain on est pas près de la voir… Oups, pardon. Je suis médisant et un brin vulgaire de manière totalement gratuite ! C’est vrai quoi, l’histoire ne dure qu’un quart d’heure après tout ! Mais un quart d’heure qui semble durer une éternité… Impossible de faire défiler plus vite le récit ou même au contraire de l’arrêter au cas où on voulait faire semblant de s’intéresser. Il faut aussi s’accrocher si on a raté une ligne puisque avec un système d’histoire « aléatoire », on a peu de chance de la voir revenir.

H + 6 minutes.
(Ca ne fait que commencer…)

Mika et moi avons même tenté de sauter à pied joints sur chaque bouton de la console, mais rien n’y fait, une fois l’histoire lancée, il n’y a plus qu’une alternative : subir. Il n’y a qu’un bouton qui fonctionne : le bouton A ! Heureux comme un veuf de pouvoir enfin interagir, on se rend compte avec joie qu’il s’agit de l’équivalent du menu « Pause » des jeux traditionnels ! Seulement, la seule option de ce menu pause est « Ita byenu », à savoir « reprendre l’histoire ». Comble du comble, la pression sur le bouton A entraîne également la disparition du texte sur l’écran supérieur… Cette pause ne sert que pour le japonais moyen qui, noyé dans l’émotion, a envie d’aller faire un petit caca entre deux lignes du récit d’une vendeuse d’allumette. Le gros du jeu se résume donc, pour un non-japanophone, de chercher le moyen le plus facile de stopper ce récit. Dommage, ils ont pensés à tout… éteindre la DS et la rallumer en lançant le jeu, vous remettra à peu près là où vous en étiez. Machiavélique !

H + 12 minutes
(Notez au passage que le photographe aime les plafonds.)

On se résigne alors, Mika et moi, à abandonner la DS sur le trottoir pendant que l’on va se payer une salle de cinéma pour nous tout seul (j’aime pas quand j’entends des gens respirer pendant une film). Y a pas à dire, SAW 6, ça fait plus pleurer que 99 No Namida. Finalement, on revient dans la rue pour trouver une armée de touriste japonais mort autour de la DS, qui se sont visiblement suicidé. Visiblement, ça faisait vraiment pleurer ! Revoilà le moustachu qui réapparaît dans la pénombre et commence à nous poser des questions. On dirait bien qu’il nous demande de noter l’histoire en lui attribuant autant de larme que le jeu nous en a soutiré. Sûrement pour cerner le joueur… ou plutôt le spectateur. Après avoir répondu 5 larmes sur 5, pour ne pas le vexer (car je rappel que pour préserver votre intégrité physique, il ne faut jamais vexer un moustachu) il disparaît et ne reste plus affiché qu’à l’écran la fameuse bougie… Et on attend qu’elle s’éteigne.

Mon bon coeur me perdra.

Après avoir attendu 10 minutes, on se rend compte que la bougie ne s’éteindra pas d’elle même. Confirmant la volonté qu’on les développeurs de ne surtout pas nous faire gâcher les boutons de notre console et histoire de gagner un point dans ce test au niveau du gameplay, le jeu attend en fait de nous que l’on souffle la bougie en soufflant dans le micro de la console. Quelle immersion mes amis ! Alors soufflons.


La bougie s’éteint.

La DS aussi…

Fin.

Woaw. Quelle expérience particulièrement intéressante, si ce n’est enrichissante ! Ne jamais acheter un logiciel de lecture japonais sera certainement la leçon à retenir de tout ça. Mika et moi on est quand même super fier d’avoir survécu à tout ça. Seulement, il est temps de se quitter car Mika a rendez-vous dans une soirée spéciale grosse. On se sert la main. Je le vois partir vers le soleil couchant et là je me rends compte à quel point je lui dois beaucoup. Il m’a soutenu tout du long. Il a été présent avec moi durant toutes ces épreuves. Nous sommes dorénavant séparés… et… et… Non, finalement non. J’arriverais jamais à verser une larme, même en me forçant à penser à des choses tristes. Dommage. Il me faut un nouveau chanteur par contre.

Allo, Joe l’oeil de coton ?

Pour aller plus loin

Voila, j’ai narré en quasi direct toutes mes impressions suite à la première mise en route du jeu. En relançant le jeu, on s’aperçoit que toutes les histoires ne sont pas si longues ! Effectivement, la deuxième histoire ne durait que 11 minutes. Sachez aussi, amis masochistes, qu’il semble possible de relire à loisir les histoires déjà subies ! Mis à part ça, rien de bien neuf à la seconde partie. On te questionne toujours avant et après l’histoire et c’est tout. Fascinant n’est ce pas ?

Quoi ? Vous voulez VRAIMENT y retourner ?

En bref…

N’achetez pas.

C’était quand même une bonne journée.

Aller plus loin :

Voir aussi :

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