Dans la liste des jeux dont on ne comprend pas trop d’où ils sortent ni ce qu’ils sont censés représenter, Super Mario Bros. 2 est en général récurrent. Retour sur l’une des grandes arnaques du jeu vidéo.
Le fait est que le jeu qu’on connaît sous ce nom en occident tranche violemment avec tout ce qu’on a connu dans la série Mario, et plus particulièrement avec les deux jeux entre lesquels il s’insère. A l’inverse du premier et du troisième qui se ressemblent énormément au niveau du gameplay, ce numéro 2 changeait la donne puisque tout avait l’air de sortir d’un autre univers.
Entre les ennemis et objets totalement nouveaux, l’absence de Bowser, les environnements étranges, l’aspect « exploration » et surtout le fait que ce jeu soit totalement nul (oups), on se demande un peu ce qu’on fout là.
Et ce sentiment n’est pas infondé puisque ce n’est pas le vrai Super Mario Bros. 2. Après la sortie du premier en 1985, Nintendo s’attela très rapidement à sa suite, devant l’énorme succès que remportait le plombier. Moins d’un an plus tard, Super Mario Bros. 2 sort au Japon. Mais la localisation américaine ne se fera jamais.
Les dirigeants de Nintendo of America et plus particulièrement Howard Lincoln, l’un des patrons d’alors et proche collaborateur du président Minoru Arakawa, auraient détesté le jeu à cause de sa difficulté abominable et de sa trop grande ressemblance avec le premier Super Mario Bros. Il fut ainsi décidé que le marché américain (et donc l’européen) ne toucherait pas à ce jeu qui de toute manière était bien trop difficile pour lui.
Nintendo choisit alors d’utiliser un autre jeu, développé en partenariat avec la chaîne de télé japonaise Fuji TV afin de promouvoir l’une de ses émissions : Yume Kôjô : Doki Doki Panic. Rien à voir avec Mario au départ puisque qu’on n’utilisait pas un mais 4 personnages différents, mascottes de la chaîne, et que ceux-ci évoluaient dans un décor arabisant en jetant des radis sur leurs ennemis.
Mais après quelques modifications graphiques, nous voilà avec Mario, Luigi, Peach et Toad en lieu et place d’Imajin, Mama, Lina et Papa. Eh oui, Luigi a pris la place de la mère et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est devenu plus grand que Mario !
Nintendo of America sort donc cet imposteur en 1988 sous le nom de Super Mario Bros. 2, et ce en toute impunité. Les Japonais auront d’ailleurs eux aussi l’occasion d’y jouer 4 ans plus tard, appelé cette fois Super Mario USA. Ces salopards auront donc eu le bon, la brute et le truand ; je vous laisse deviner lequel des trois est arrivé chez nous.
Pour la petite histoire, on dit souvent que ce Super Mario Bros. 2 occidental serait l’unique jeu développé par Nintendo of America. En réalité c’est bel et bien Nintendo EAD qui s’en est occupé et contrairement à ce qu’on pourrait croire, Miyamoto était plus impliqué dans le développement de Doki Doki Panic (et donc de son adaptation) que dans celui du vrai SMB 2. La raison étant un petit jeu du nom de The Legend of Zelda, qui l’empêchait à l’époque (1986) de se concentrer pleinement sur Mario.
L’héritage moderne de cette magouille se retrouve notamment dans les personnes de Maskass et Birdo, puisque ce sont bien dans Doki Doki Panic qu’ils sont apparus et n’avaient a priori aucune raison de se retrouver dans les futurs Mario Party et autres Mario Kart.
Les joueurs occidentaux auront finalement pu découvrir le vrai Super Mario Bros. 2 (renommé Lost Levels) dans la compilation All Stars sur SNES, en plus beau, un peu plus facile et surtout avec une sauvegarde. Enfin, le monde a pu goûter aux joies des champignons empoisonnés, des Warp Zones inversées et des blocs invisibles…
Chronologie des événements :
1985 : Super Mario Bros
1986 : Super Mario Bros 2 (le vrai)
1987 : Super Mario Bros
1987 : Yume Kojo : Doki Doki Panik
1988 : Super Mario Bros. 2 (le faux)
1989 : Super Mario Bros. 2 (le faux)
1992 : Super Mario USA
1993 : Super Mario All Stars