Quand Shigeru Miyamoto se lance dans un nouveau genre de jeu, ça donne quelque chose de vraiment très réussi ! Ce fut le cas de Super Mario Kart sur Super Nintendo : un jeu qui avait tout pour lui et qui rentrait dans le panthéon des meilleurs jeux de la console aux côté de Zelda ou Final Fantasy.
L’expérience a alors été inévitablement retentée sur Nintendo64. Le jeu vaut-il autant que son prédécesseur ? C’est ce que vous allez voir !
Graphismes
Contrairement à la version Super Nintendo, Mario Kart 64 est en 3D… enfin en 3D et 2D en même temps… Les circuits sont en 3D polygonale, mais les sprites sont en 2D. Ca donne un petit mélange qui paraissait plutôt joli à l’époque, mais qui rend vraiment dégueulasse, aujourd’hui !
Les décors sont assez vides, les couleurs très vives (il faut baisser l’intensité des couleurs de la télé pour mieux profiter du jeu), les textures redondantes, mais le tout est vraiment bien utilisé.
Les personnages sont en 2D, comme je l’ai dit, mais une 2D très bien utilisée : à la manière de Super Mario Kart, les personnages ont été modélisés au préalables, en 3D cette fois, et pris sous différents angles pour permettre de faire des mouvements dans tous les sens. Problème : pas d’anti aliasing, et ça crache à mort ! De plus, il y a quelques bugs, notamment dans la remise des trophées en fin de grand prix : il y a un petit travelling et les personnages bougent par à coups… C’est vraiment dommage ! Mais sinon ils ont de bonnes bouilles.
Les objets ont été réalisés à peu près de la même façon, sauf qu’au lieu d’avoir été pris sous plusieurs angles, ils ont été pris sous un seul, et bougent en fonction de l’écran, ce qui rend vraiment très mauvais ! Enfin certains éléments du décors sont quand même réalisés en 3D !! Faut pas exagérer non plus !
Côté animation, y’a pas de problème, même s’il peut y avoir par moment quelques ralentissements, ou au contraire quelques accélérations. L’ensemble du jeu est fluide, et le clipping a su être minimisé, même s’il y en a malgré tout…
Musiques et sons
Les musiques de sont pas de Koji Kondo (^^) et ça se sent ! Si certaines sont vraiment sympa, elles sont pour la plupart assez prise de tête, c’est sans doute dû à une assez mauvaise qualité des enregistrements. Mais les musiques restent bel et bien gravées dans votre mémoire, et il est difficile de les oublier. Et elles sont plus jolies que celles de la version Super Nintendo. Notons tout de même que c’est le premier jeu dans lequel apparaît Kenta Nagata… une petite larme d’émotion, mais n’en faisons pas trop quand même.
Au titre des trucs mémorables, on retiendra la musique de l’écran titre qui est en fait composée des mêmes notes que celle de Super Mario Kart, mais avec un tempo totalement différent. C’est assez marrant. Autre musique vraiment chouette, à la fin d’une course, on a droit à un peu de piano. Et le meilleur pour la fin, la musique des crédits du jeu est tout simplement magnifique.
Les autres musiques sont des compositions originales, on ne retrouve aucun thème cher à la saga Mario ni même aucune musique issue de Super Mario Kart. Ca donne une atmosphère assez particulière à cet épisode, d’autant plus que Kenta Nagata joue dans des registres que l’on n’avait pas encore été habitué à entendre dans des jeux Nintendo. L’utilisation un poil exagérée des basses vous fera comprendre votre douleur. Mais dans l’ensemble, ça reste un travail d’assez bonne qualité.
Les sons sont vraiment très bons ! Ils sont bien délirants comme on le veut et retransmettent bien l’ambiance bon enfant du jeu. Petit reproche cependant, ils sont un peu différents des sons classiques de Mario… Ca reste à peu près dans le même registre, mais peut-être aurait-il été plus judicieux de faire revenir ces sons délirants qu’on aime dans nos Super Mario ! Par exemple, le fait que les carapaces produisent un vieux son de casserole en tapant contre un mur me fait délirer, mais pas autant que le bruit si particulier des jeux d’antan.
Côté voix, ils se sont payé un beau délire ! On retrouve l’irremplaçable Charles Martinet et son accent italien pour faire la voix de Mario, de Luigi et de Wario, Leslie Swan était également de la partie avec son copain Charles (ils étaient tous les deux dans Super Mario 64 aussi) pour faire la voix de Peach et de Toad. Il y en a un autre mais j’ai oublié son nom… Isaac Marshall ou quelque chose comme ça, mais je ne me souviens plus… Bref, c’est un beau trio qui nous a pondu des voix bien délirantes, surtout celle de Wario. La voix de Yoshi est toujours une réalisation synthétique et non pas un cri de babouin comme dans les jeux qui ont suivi, donc on a le beau "wippon" à la place du "wahou" de m**** qu’ils nous ont foutu depuis. Sa dernière apparition, à mon Wippon.
Jouabilité
Le Pad de la N64 a été très bien utilisé dans ce jeu. Je viens d’y rejouer, là, et même si ça fait 6 mois qui je n’avais pas touché à ma N64, j’ai réussi à reprendre le jeu en main en même pas un tour de piste, ce qui fait plaisir : c’est tellement instinctif que ça ne s’oublie pas (c’est comme le vélo, quoi).
La croix directionnelle ne sert que dans les menus, mais pas pendant la course. Voilà qui perturbait les adorateurs de Crash Team Racing (quelle belle daube). Mais pour nous autres, c’était sans problème qu’on maniait le stick multidirectionnel pour se déplacer de gauche à droite. Bien évidemment, selon l’inclinaison du stick, votre personnage tourne plus ou moins.
Le bouton A pour avancer, le bouton B pour freiner, et le bouton Z (ou C-bas) pour utiliser les options. Notez qu’en maintenant Z, vous pouvez garder votre option accrochée derrière vous, ce qui permet de protéger vos arrières et d’obtenir une autre option dans sa réserve. Vous pouviez bien sûr faire des petites manips pour vous aider dans votre course : A+B+droite ou gauche pour faire un demi tour sur place, B+bas pour faire une marche arrière…
Avec C-droite, vous pouvez changer d’affichage : un coup et ça affiche le compteur de vitesse à la place de la carte, deux coups et ça affiche la position proportionnelle des autres joueurs par rapport à vous autour de l’écran (c’est rigolo ^^). C-haut vous permet d’éloigner la caméra (à n’utiliser que sur de grandes télés, c’est un conseil ^^), R permet de sauter et de faire des dérapages quand vous maintenez enfoncé, et L sert à modifier le volume de la musique. C-gauche est là pour décorer.
A noter pour les dérapages qu’il vous est possible de prendre de la vitesse ! Pour ce faire, il faut arriver en pleine vitesse dans un virage, appuyer sur R et tourner. Là, de la fumée apparaît derrière votre Kart en écrivant des lettres. Toujours en maintenant R, faites rapidement droite gauche droite gauche avec le stick, la fumée changera de couleur et vous gagnerez de la vitesse. Autre petit astuce, quand vous roulez sur une peau de banane, vous ne dérapez pas forcément immédiatement, vous entendez alors vos pneus crisser. Si tel est le cas, freinez avec B. Ca fonctionne également si vous frôlez la perte de contrôle en 150cc !
Quelques petites choses rajoutées à Super Mario Kart pour parfaire un peu le tout. D’autres changements sont au programme, mais je vous en reparle après la pub.
Personnages
Vous pouvez choisir entre huit personnages de l’univers de Mario pour courir. Mais bien entendu, chacun possède des qualités et des défauts qu’il faut savoir maîtriser avant de se lancer dans la course ! Vous noterez les magnifiques couleurs flashy qui ornent chacun des artworks ci-dessous ^^
Mario
Ne soyez pas étonnés de le voir ici, le jeu porte son nom ^^ Mario est le juste milieu. Pas trop de défauts, pas trop de qualités. Il ne va pas super vite, il a un poids raisonnable et se manie très bien. C’est le personnage idéal pour les débutants qui ont besoin d’un long temps d’adaptation.
Son gros défaut, c’est que même si sa voix est délirante, elle devient rapidement mega chiante, grumble !
Luigi
En fait il est un peu comme Mario, mais peut-être qu’il va un peu plus vite. En tout cas, il n’y a pas beaucoup de différences notables entre les deux frères. A part la voix bien sûr. Et celle de Luigi est moins gonflante que celle de Mario. En plus c’est la première fois qu’on entend Luigi parler, donc chacune de ses gamelles reste un moment d’anthologie ^^
Peach
Peach va assez vite et est très légère, elle s’envole pour n’importe quoi, donc elle a moins de résistance aux peaux de banane et dérape quasi systématiquement.
C’est le personnage préféré de KooZ !
Toad
La petite crotte de la bande est de retour ! Alors Toad. Disons qu’il n’est pas mauvais, c’est le plus rapide au démarrage et celui qui sait maintenir la meilleure allure. Mais il est tellement léger qu’il suffit de lui rentrer dedans pour qu’il vole dans le décors.
Toad est donc un personnage pour ceux qui jouent bien mais qui ne peuvent pas s’empêcher de prendre tous les coins de mur. A déconseiller aux débutants, contrairement à ce qu’on pourrait croire.
Yoshi
Wippon ! Votre dinosaure préféré (après Denver) est une fois de plus un atout essentiel pour les courses. Il n’est pas très rapide, mais démarre très bien, tourne bien, encaisse bien les coups et a une bonne tenue de route. Bref c’est un bon personnage. Je ne sais trop à qui le recommander… Peut-être en transition entre Mario-Luigi et les personnages qui vont suivre.
Moi je le prends quand quelqu’un d’autre prend Wario ^^
Et encore une fois, il s’agit ici du dernier jeu dans lequel vous l’entendrez dire Wippon !
Donkey Kong
Ce n’est ni Donkey Kong ni Donkey Kong Jr qui apparaissait dans Super Mario Kart, mais le fils de Donkey Kong Jr, donc petit-fils de Donkey Kong, aka Cranky. Vous le saviez pas, hein ?
Très lourd et très lent au démarrage, Donkey atteint des vitesses de pointe plutôt intéressantes, mais il tourne assez mal. En revanche, il rentre dans n’importe quoi et n’importe qui sans broncher. Ce sont les autres qui bronchent pour lui.
Personnage à réserver aux joueurs confirmés, et que personnellement je déteste ^^
En plus il a été désigné par Rare, beuk ! ^^
Wario
Vous aimez les gros personnages bien bourrins avec un rire de sadique à en faire rigoler votre mère ? Alors Wario est celui qu’il vous faut ! Assez lent au démarrage, assez lent en course, Wario peut encaisser n’importe quel coup et dérape rarement sur une peau de banane (je vous le dis : si vous roulez sur une peau de banane, lâchez A pour B et revenez sur A). De plus, il perd très peu de vitesse dans les virages. A utiliser quand on a une bonne maîtrise du jeu, sans quoi on a du mal à s’y faire.
Bowser
Lui c’est celui qui met le plus de temps à décoller, mais c’est le plus rapide une fois lancé.
Bowser n’a peur de rien ni personne. Sa carapace à pointe le protège contre les écrasements quand il est rétréci, et sa masse musculaire lui permet d’éjecter Toad au loin sans peine. Mais pour l’utiliser, il faut être capable de se prendre un minimum de murs et de savoir doser l’accélération et le freinage (c’est d’ailleurs le seul personnage qui demande à freiner un tant soit peu de temps en temps)
MODES de JEU
Alors là ils sont plutôt variés, même s’il n’y a pratiquement rien de nouveau par rapport à la version Super NES : seuls les modes 3 et 4 joueurs ont été ajoutés.
Le Grand prix
Jouable à un ou deux, mais pas à trois ou quatre ! C’est tout simplement un mode course avec tout le monde sur différents circuits du jeu. Vous pouvez choisir entre quatre coupes qui contiennent chacune quatre circuits bien différents les uns des autres. Que vous soyez un joueur ou deux, les huit personnages seront sur la route et se disputeront les quatre premières places, sans quoi il faudra recommencer la course.
On note quelques différences sensibles ici avec l’opus précédent : 4 courses au lieu de 5, du coup le nombre total de courses disponibles dans le jeu s’en voit réduit. Par contre ils ont l’avantage d’être tous bien différents les uns des autres. Il n’y a pas deux circuits sur le même thème, et c’est appréciable. Autre changement d’importance : les courses se disputent en trois tous et non plus cinq comme auparavant.
Le Contre la montre
Time Trials si vous préférez. Disponible uniquement en mode 1 joueur, il s’agit ici de battre son propre record sur les différentes courses du jeu. Vous pouvez enregistrer jusqu’à 2 fantômes sur une carte mémoire, et ça vous prend la quasi totalité de l’espace disponible (123 pages je crois), ce qui est assez scandaleux, d’autant plus que la cartouche du jeu dispose d’une pile de sauvegarde presque inutilisée.
Notez que les fantômes ne peuvent être enregistrés qu’en cas de tracé parfait. Dès lors que vous vous prendrez un mur ou je ne sais quel obstacle, il vous sera impossible de sauvegarder (et ça vous sera gentiment rappelé par un message rose qui prend toute la place sur l’écran de jeu ^^).
Le Versus
A 2, 3 ou 4 battez-vous sur une des courses du jeu. Le premier arrivé gagne un point. Vous pouvez faire des petits championnats ! Le problème c’est qu’à partir de 3 joueurs il n’y a plus de musiques et le VROOOOUM devient très vite agaçant ! Des petites bombes font leur apparition sur les circuits pour vous embêter.
La Bataille
A 2, 3 ou 4, battez-vous sur quatre niveaux spécialement conçus pour ça. Mais là le but n’est pas d’arriver le premier, mais de rester le dernier en vie ! Vous avez tout plein d’options et vous devez les utiliser pour les balancer sur vos adversaires et ainsi leur péter leurs ballons. vous avez chacun trois ballons. attention car vos options peuvent se retourner contre vous, et si vous choisissez de vous suicider, vous perdez un ballon ! A partir de 3 joueurs, les premiers à mourir se transforment en petites bombes et doivent aller se fourrer dans les roues d’un adversaire pour lui faire perdre un ballon.
En mode Grand Prix et Versus, vous pouvez choisir le cylindré de votre kart : 50 cm³, 125 cm³ ou 150 cm³ et quand vous aurez fini le mode 150 cm³ à 100%, vous pourrez débloquer le mode "extra" qui vous permettra en fait de courir dans les circuits en mode miroir (c’est à dire que les virages à gauche passent à droite et versa vice)
A noter quelques changements dans la galerie des objets à utiliser en cours de route :
Les 5 bananes restent accrochées à votre kart. Vous pouvez toutes les lâcher d’un coup, les lâcher au compte goutte ou les garder pour protéger vos arrières. Dès qu’un adversaire les touchera, elles se disperseront sur la route dans un bruit de casserole qui me fait hurler de rire à chaque fois.
Les 3 carapaces vertes ou rouges tournoient autour de votre kart, offrant autant de protections contre les attaques ennemies. Vous pouvez les lancer quand vous voulez. Attention cependant : lorsqu’il ne vous en reste qu’une à tournoyer autour de vous, votre sécurité n’est pas assurée à 100% !!
La carapace à pointes fait ici sa première apparition. son objectif : défoncer tout se qui se trouve sur la route entre elle et le joueur en pôle position.
Les trois champignons sont comme le champignon sauf qu’il y en a trois. Utilisés judicieusement, ils peuvent vous permettre de gagner un max de temps sur certains circuits !
Le champignon doré peut être utilisé autant de fois que vous le voulez dans un temps donné. Cela peut vous aider à franchir certains obstacles, prendre certains raccourcis voire carrément couper le terrain à certains endroits.
Durée de vie
Argh ! Bon mis à part le fait qu’on peut aisément finir le mode 150 cm³ après un après-midi d’essai et qu’on a vite fait le tour de 16 malheureux circuits du jeu, le mode multijoueur sauve la mise et risque de vous retenir encore quelques heures avec des amis devant votre N64.
On regrettera cependant qu’il n’y ait rien d’autre qu’un mode caché ! Pas de coupe cachée, pas de circuits à débloquer ou de personnages à gagner… Rien de tout ça !
De plus, les personnages sont tellement proches les uns des autres qu’il faut vraiment être un quichon pour réussir moins bien avec l’un qu’avec l’autre ^^
En clair, pas grand chose à découvrir, mais du fun à revendre, et ça c’est indéniable !
En bref…
J’aime :
- La sensation de vitesse
- Le tracé délirant de certains circuits
- Les commandes vraiment au top
- Le mode 4 joueurs
J’aime pas :
- Les graphismes pauvres voire horribles
- Les musiques parfois entêtantes
- Le peu de contenu disponible
Verdict
Incontournable de la ludothèque Nintendo64, il vous permettra de vous éclater longuement avec vos amis ou votre famille. Mais il peut aisément devenir lassant, quand vous connaissez tous les circuits, tous leurs raccourcis, et que vous devenez imbattable… Notez ceci dit que certains raccourcis sont purement et simplement des bugs du jeu utilisés judicieusement. Et il y en a pas mal à découvrir.
Cependant, il me faut reconnaître que je n’ai pas autant aimé cet épisode sur Super Mario Kart. Ici, à part avec la manette qui est vraiment top, les graphismes assez laids ne nous aident pas à faire le bond que l’on attend en passant d’une console à une autre. Et malgré quelques options supplémentaires, Mario Kart 64 est finalement plus pauvre que son ainé en terme de contenu, ce qui est assez paradoxal. On dira que le mode 4 joueurs sauve grandement la mise. Même si la musique se coupe lors de ces parties, le fun est assuré.
Au final c’est dommage que touts les épisodes suivants abordent la course sous d’autres angles, car si Mario Kart 64 voulait être un portage de Super Mario Kart, il a un peu raté son pari. Et c’est bien dommage parce que Super Mario Kart aurait bien mérité qu’une console suffisamment puissante lui permettre d’exprimer pleinement sa conception du karting façon Mario.