Malgré le rapprochement entre SEGA et Nintendo, les rivalités d’autrefois ont la vie dure et le hérisson a toujours le plombier dans sa ligne de mire. C’est ainsi que l’éditeur décline Sonic dans le genre le plus populaire des déclinaisons de Mario : le jeu de course !
La clique de SEGA s’en sort-elle mieux au volant de bolides ? Peut-être bien.
Sonic Racing machin chose
Un nom pareil, ça ne s’invente pas. Pourtant, difficile d’expliquer le concept en moins de mots. “SEGA Racing” aurait pu faire penser à un jeu de caisse lambda. En rajoutant Sonic, l’idée d’un jeu d’arcade à la Mario Kart devient plus évidente. Cependant, en dépit du bon paquet de personnages secondaires créés pour le hérisson au fil des années, il a été choisi de le faire concourir avec les vieux héros déchus de l’univers SEGA. Sans doute pour flatter le fan et lui faire croire que sa firme de jeu vidéo préférée n’a pas oublié ses anciens personnages.
Sonic All-Stars Racing ne peut être un titre moins long. Pire, il s’attache un autre mot, Transformed, expliquant d’emblée la nouveauté principale de cet épisode : les voitures transformables !
Le concept n’est pas neuf, il s’inspire de Diddy Kong Racing. Sauf qu’au lieu d’avoir un véhicule imposé en début de course, celui-ci évolue instantanément en bateau, avion et véhicule. Ce n’est bien sûr pas vous qui décidez des transformations, mais la progression du circuit via des portails bleus.
Cette transformation sur laquelle repose le concept du jeu est une idée de génie qui dynamise plus que jamais le déroulement des circuits. Une idée qu’aurait dû avoir Nintendo au lieu de nous coller des deltaplanes inutiles. Imaginez un circuit urbain qui commence sur les routes et se fait attaquer par des bombardiers durant le premier tour. Le sol s’effondre et l’on atterrît dans les égouts où notre véhicule se transforme en bateau. Le tunnel débouche sur un ravin, où le bateau devient un avion et poursuit sa course dans les airs, entre les buildings qui explosent. Voilà ce à quoi vous aurez droit dans SASRT (à vos souhaits). Au lieu de faire trois fois le même tour, le terrain évolue au fil de ceux-ci pour nous proposer une grande variété dans la progression et le gameplay des différents véhicules. Pour moi qui n’attendais strictement rien de ce jeu, j’ai été conquis.
Malheureusement, tous les circuits ne sont pas comme ça. Une minorité reste plus classique, mais vous aurez toujours à vous transformer à un moment donné.
Essence ? Gazoil ? Non, photocopieuse !
Du plus correct au plus mauvais, tous les clones de Mario Kart reprennent exactement le même gameplay que leur modèle. Je ne vais pas vous l’expliquer, vous y avez tous joué.
Pourtant, le premier épisode du jeu de course Sega s’était détaché de cette norme en puisant dans son patrimoine et plus précisément dans celui de Outrun, où les dérapages se font directement sans avoir besoin d’appuyer sur une touche.
Visiblement, cette touche de gameplay un peu rétro n’a pas du trop plaire car pour cet épisode, nous avons le droit à du Mario Kart Wii, ni plus, ni moins ! Il y a même un système de figures avec le stick droit pour profiter d’un boost une fois retombé au sol ! Au moins, cela a le mérite de ne pas nous dépayser.
Univers Sonic oblige, la vitesse y est plus importante que dans un Mario Kart ! Il a d’ailleurs le mérite de ne pas proposer le système de 50cc, 100cc et 150cc, seul le mode rapide (150cc) est imposé.
Je ne vais pas m’étendre sur une recette que vous connaissez tous, mais je vais quand même vous parler des armes, qui, malgré l’enrobage résolument fan-service du jeu, n’ont aucune personnalité. Comme d’habitude, ce sont des copiés-collés de Mario kart, mais au lieu de trouver des équivalents dans l’univers de SEGA -ce qui ne doit pas être bien compliqué- nous avons ici des trucs de base. Boules de neiges et missiles pour la carapace verte, drone pour la rouge, poisson-ballon( ??) pour la banane…etc. Un choix très étrange et qui tâche un peu avec l’esprit du jeu.
Il y a aussi des pièces étoiles qui vous permettront de gagner à la roulette des bonus en début de course.
Les Expendables de l’oubli
Parlons-en de cette clique SEGA, le roster comme on dit.
Rangés dans un placard mis à la cave depuis l’arrêt des consoles, tous leurs personnages, exception faite de Sonic et ses potes, ont dramatiquement vieillis.
Ils débarquent tous fièrement des différents clichés à la mode des années 90 dont SEGA se servait pour plaire au public américain. N’oublions pas Alex Kidd, enfin si il faudrait, ou d’autres Joe Musashi qui sont laids et sans personnalité. Difficile de faire son choix parmi ce casting improbable sauf si on est familier de cet univers Sega. Depuis leur mise au placard, le jeu vidéo s’est beaucoup démocratisé et beaucoup de jeunes joueurs ne sauront pas d’où sort cet espèce de clown violet appelé Night et son circuit tout chelou.
Ce qui explique d’ailleurs pourquoi la part des personnages Sonic est plus importante et que le hérisson est d’ailleurs tout seul sur la jaquette.
C’est sur ce point qu’on l’on constate le talent de Nintendo pour créer des personnages qui ne vieillissent pas. D’ailleurs, Mario aurait dû faire partie du premier épisode, mais Nintendo ne voulait pas que la présence de son plombier devienne un automatisme pour les jeux arcade Sonic, Mario&Sonic aux JO devant rester dans l’esprit d’une rencontre sportive exceptionnelle. A la place on a les Miis, c’est quand même mieux !
Petit détail, le personnage de Ralph, du récent film Disney du même nom est également proposé ! Dommage, qu’il soit tout pourri à la course.
Modes de jeu
Avec l’arrivée du online, il n’est maintenant plus obligé d’être à plusieurs sur le canapé pour profiter pleinement d’un jeu de ce type. Pourtant, Sonic Racing propose un mode solo, dit “Tour Mondial”, où vous évoluez à travers courses et épreuves, contre la montre pour la plupart, en débloquant circuits et personnages. Le tout est disponible avec trois, puis quatre niveaux de difficulté qui vous permettront d’obtenir plus d’étoiles pour acheter des personnage à débloquer.
Si le joueur seul appréciera l’initiative, la camaraderie investissant le canapé un peu moins, car ils devront se farcir ce mode pour débloquer les personnages. Heureusement que le panel proposé au départ est déjà suffisamment complet pour convenir à tous les goûts et que ce mode peut être joué à plusieurs.
Pour le reste, nous sommes dans un jeu de course classique avec son mode multi local, les contre-la-montre, les batailles et le monde online. Inutile de vous les présenter, ce n’est ni plus ni moins que la norme de ce qui se fait ailleurs. Pour la partie en ligne, on appréciera la séparation entre partie publique et privée, mais pas l’absence de personnages gérés par l’ordinateur. Lorsque la console ne trouvera qu’un seul opposant, vous ne serez que deux durant la course. C’est dommage.
Il y a cependant un détail qui a son importance. Il s’agit d’un jeu Wii U, qui plus est sorti lors de son lancement et qu’il fallait faire bonne impression en proposant une utilité au Gamepad.
Vous la voulez votre manette tablette ? Vous l’aurez ! Lors des parties à plusieurs, le joueur au Gamepad se verra interdit d’écran HD, il devra se contenter de son pauvre écran de manette ! De plus, Sonic Racing dispose d’un des pires streaming de la machine dans le genre d’un Youtube fatigué. De quoi donner rapidement mal aux yeux.
L’astuce consistera donc à faire en sorte que la Wiimote soit le joueur un (symbolisée par les petits bonhommes en bas de l’écran des menus). Il vous faut donc allumer la console avec la télécommande et lancer le jeu sans toucher au Gamepad afin que celui-ci ne s’impose pas lors de la partie. Cette manip ne fonctionnera cependant pas si vous êtes quatre. Soyez classe et n’imposez pas cela à vos invités, bien que vous serez exclu socialement de la partie vu que vous ne regarderez pas le même écran.
Voici l’idée la plus nulle du jeu, en espérant qu’elle ne soit pas reproduite dans le futur.
Techniquement parlant
Sonic Racing est loin de faire honneur à la Wii U, mais il n’est pourtant pas hideux ni fini à l’arrache. On va dire qu’il se situe dans la moyenne.
Certes la HD fait son effet, mais ce n’est pas pour autant flamboyant, surtout lorsqu’on le compare à Mario Kart 8. C’est coloré, certes, mais les décors ne sont ni grands ni détaillés, il lui arrive quelques rares fois de ramer et le jeu n’est certainement pas à 60 images par seconde.
Malgré tout, on parcourt les circuits avec plaisir grâce à une rapidité des véhicules plus importante que dans un Mario Kart et des adversaires CPU plus difficiles à vaincre.
Cependant, même si cela ne m’a pas gêné, Sonic Racing est plus brouillon que Mario Kart. La faute aux objets sans personnalités qui scintillent la plupart du temps, comme dans les jeux NES lorsqu’il y avait trop d’éléments à l’écran, mais peut-être aussi de son principal atout. La transformation des véhicules est assez déroutante dans le sens où elle amène à modifier plusieurs fois le gameplay durant une même course. Si cela apporte de la variété, cela brise aussi une certaine cohérence physique dans la conduite, car si vous retrouvez sans peine vos marques sur roues, les bateaux sont de vraies savonnettes et les avions obéissent carrément à une autre logique.
En bref :
J’aime :
- Un bon équivalent à Mario Kart.
- La variété au sein d’un circuit.
- La sensation de vitesse.
- Le mode solo.
- Les circuits.
J’aime pas :
- L’aspect technique qui aurait pu être mieux.
- L’obligation au joueur Gamepad de jouer sur son écran en multi.
- Ce n’est quand même pas aussi bien que Mario Kart.
Ce Sonic Racing est sorti à point nommé. Au lancement d’une machine Nintendo, il faut un bon jeu multi et il remplit parfaitement son rôle d’apéritif pour Mario Kart. Si la Wii sur écran HD vous fait mal aux yeux et que votre Dreamcast est encore branchée à la télé, vous pouvez investir pour ce jeu de course dynamique à la gloire de SEGA, qui propose d’apporter un peu de variété aux trois traditionnels tours de circuit. Attention cependant à respecter ma petite astuce si vous comptez jouer à plusieurs !