Après deux épisodes sur consoles portables, Tekken arrive pour la première fois sur une console de salon Nintendo : la Wii U.
Un rappel s’impose
Historiquement, Tekken a toujours été associé aux consoles PlayStation, ayant notamment été, avec le premier épisode, le premier jeu PlayStation à se vendre à plus d’un million d’exemplaires. Nous, pauvres joueurs Nintendo, n’avons eu droit qu’à deux opus, tous deux sortis sur consoles portables : Tekken Advance et Tekken 3D – Prime Edition, deux jeux de qualité plutôt moyenne. Du coup, ce Tekken Tag Tournament 2 – Wii U Edition n’est autre que le premier jeu de la saga sur une console de salon Nintendo (les mauvaises langues diront le premier vrai Tekken). Si vous êtes un joueur exclusivement Nintendo, vous ne vous êtes donc peut-être jamais intéressé à la série. Il est de de fait important de resituer la série.
Tekken est un jeu de combat en 3D, rien à voir avec Street Fighter ou King of Fighters. Ici, les coups plus impressionnants les uns que les autres pleuvent sous le bruit des boutons martelés aléatoirement par le néophyte, rendant les combats extrêmement spectaculaires. Avec des collisions et des portées de coups parfois plus que discutables, vous obtenez une série de combat extrêmement appréciée mais également parmi les plus décriées. Tous les jeux de la série fonctionnent sur le même principe : quatre boutons, un pour chaque poing, un pour chaque pied. Les combos se constituant la plupart du temps de boutons à entrer à la suite (avec parfois une direction), il est donc facile de sortir des coups puissants en appuyant n’importe comment sur les touches.
Cette particularité fait que beaucoup de joueurs moyens dénigrent la série, puisqu’il arrive qu’ils perdent contre un débutant et que cela remette en cause leur fierté exacerbée (il m’arrivait de perdre contre ma sœur au début mais j’assume). Mais avec quelques heures d’entraînement et d’apprentissage des combos, ces défaites humiliantes ne seront plus qu’un lointain souvenir. Et c’est là l’une des forces de Tekken, être accessible tout en devenant très technique à haut niveau.
The King of Iron Fist Tournament
Avant de commencer réellement ce test, un petit mot rapide sur le style des combats, comme le titre du jeu l’indique, il s’agit de combats en tag, comprendre par équipe de deux. Même si un seul personnage combat réellement, il est possible de l’interchanger avec le deuxième d’une simple pression sur le bouton Tag (on reviendra sur les commandes par la suite). Si un seul de vos combattants est mis K.O., vous perdez le round, ce qui implique de surveiller attentivement les barres de vie et de les gérer efficacement puisque la barre de vie se recharge quand un personnage est en attente. Sachez enfin qu’il est possible de ne sélectionner qu’un seul personnage, qui aura de ce fait une barre de vie deux fois plus importante.
Inutile de s’attarder indéfiniment sur le scénario, celui de la série principale étant absolument incompréhensible, ce n’est pas ce spin-off qui va relever le niveau. Entre les personnages rajeunis par on ne sait quel moyen (le doubleur original d’Heihachi étant décédé, l’équipe du jeu a changé de doubleur et a rajeuni le personnage… pour qu’il y ait plus de cohérence avec la nouvelle voix — pour justifier ce changement, Heihachi boit une potion de jeunesse dans le jeu), ceux étant jouables en deux versions (Bob et Slim Bob), la cohérence scénaristique n’est pas de mise. Il faut dire que la série a toujours mélangé histoire à volonté sérieuse (histoire principale de la famille Mishima) et délire total (Panda, Roger Jr. et consorts). L’histoire principale est pour ainsi dire absente, un nouveau King of Iron Fist Tournament étant encore une fois le prétexte à tous ces combats même si chaque personnage suivra comme d’habitude son propre but. À noter que pour les nouveaux arrivants dans la série qui, comme moi, s’obstinent à trouver une cohérence scénaristique dans un jeu de combat, un bref descriptif de chaque personnage et de ses motivations est proposé sur le GamePad pendant l’écran de sélection des personnages, si vous jouez sur votre télé.
Et justement, parlons-en des personnages, ils sont au nombre de 59, que l’on peut arrondir à 60 en comptant Devil Kazuya qui apparaît en tant que transformation de Kazuya. Tous les personnages proposés en DLC sur les consoles old-gen (on peut leur foutre dans la gueule encore quelques mois, profitons-en) sont proposés d’office, il n’y a donc rien à télécharger à intervalles réguliers.
Il en va de même pour les stages, tous inclus de base dans le jeu et donc au nombre de 29. Chacun, outre un environnement et un fond différent, a une architecture propre avec murs et/ou sol destructibles. D’ailleurs, ces différents stages sont très agréables à l’œil avec des arrière-plans la plupart du temps animés avec des spectateurs en folie. On notera tout de même les impacts sur le sol qui disparaissent dans un fondu au bout de cinq secondes, ce qui est assez ridicule.
D’ailleurs, les graphismes du jeu sont vraiment plaisants. Pas au point d’être réellement impressionnants, mais le portage vers la Wii U a été parfaitement réalisé, de sorte que l’on se retrouve avec la même qualité sans aucun ralentissement notable. De même, la cinématique d’introduction ainsi que celles qui se débloquent en finissant le mode arcade avec un personnage sont vraiment de toute beauté, que ce soit celles en 3D pré-calculée ou celles adoptant des tons pastels fort réussis. Même si deux ou trois sont en dessous du lot, il n’y a pas lieu de râler (sauf si ça tombe sur votre personnage favori bien entendu).
Get ready for the next battle!
Tekken Tag Tournament 2 n’est pas avare en modes de jeu. La plus grande nouveauté est sans conteste le Labo de combat, une sorte de mode entraînement scénarisé couplé à de la customisation de personnage. À travers Combot, un robot de la société Violet Systems, vous aurez droit à travers cinq stages (composés de deux chapitres d’entraînement et un boss) aux bases de Tekken expliquées progressivement (déplacements, coups hauts/moyens/bas, projections…) et entrecoupés de dialogues plutôt marrant entre Violet et son assistante. Chaque stage vous rapportera des points à dépenser dans une boutique de personnalisation pour votre robot afin de lui apprendre des techniques de plusieurs personnages différents, la note obtenue lors de chaque stage permettant de débloquer les mouvements les plus puissants.
Combot est bien entendu jouable par la suite dans les autres modes de jeu avec les coups que vous lui aurez appris. Même si ce mode est vraiment une nouveauté agréable et bien pensée, on regrettera tout de même qu’il n’aille pas plus loin dans l’apprentissage et omette quelques techniques en chemin.
Après ce premier contact avec le jeu, vous pourrez bien évidemment passer aux choses sérieuses, à commencer par les modes hors-ligne :
- Arcade : Un mode arcade classique, sept combats aléatoires suivis de trois boss. Vous débloquez la cinématique de fin du premier personnage de votre équipe en le finissant.
- Fantôme : Le mode le plus intéressant, les combats s’enchaînent à l’infini jusqu’à ce que vous quittiez (ou perdiez) et chaque combat gagné vous laisse choisir le prochain adversaire parmi trois. Des adversaires « dorés » plus puissants apparaissent souvent, permettant de débloquer de nombreux éléments de personnalisation pour les personnages.
- Versus / Équipe de deux : Il n’y a pas grand-chose à expliquer, il s’agit des modes multijoueur en local jouables à deux pour le premier et jusqu’à quatre pour le deuxième, même si cela n’a que peu d’intérêt vu que deux joueurs seulement combattent simultanément. Néanmoins si vous et votre équipier maîtrisez chacun un personnage, ça peut être sympa.
- Combat en équipe : Un mode extrêmement bien pensé qui vous permet de choisir une équipe allant jusqu’à huit combattants. Votre adversaire en possède le même nombre et les combats s’enchaînent jusqu’à ce qu’une équipe entière soit décimée. Le mode est jouable en multi.
- Défi chronométré : Rien de plus qu’un mode arcade chronométré avec les meilleurs scores enregistrés.
- Survie : Une barre de vie qui ne se recharge quasiment pas entre chaque combat et il faut tenir le plus longtemps possible, classique là aussi.
- Entraînement : Même si le Labo de combat est idéal pour les novices, il faudra tout de même apprendre, tester et maîtriser les techniques de vos personnages favoris pour vous en sortir. Les options sont vraiment nombreuses et bien pensées : position initiale des personnages, placement sur le stage (contre un mur par exemple), réactions du « punching-ball » adverse. Vous pouvez également afficher les combos sur le haut de l’écran, ce qui évite de passer par le menu à chaque fois.
Cette version Wii U possède en plus trois modes exclusifs par rapport aux versions PS3/Xbox 360, regroupés dans le menu « Mode spécial » :
- Combat champignon : Le mode de jeu souvent utilisé par Namco pour la promotion de cette version Wii U. Vous pourrez jouer seul ou à deux dans six stages différents (deux par environnement), stages dans lesquels apparaitront aléatoirement des champignons de l’univers Mario, ou même parfois des étoiles. Devenir géant vous fera devenir plus fort mais vous serez alors beaucoup plus facile à toucher et vos coups hauts ne fonctionneront pas sur l’adversaire et inversement si vous êtes petit. L’intérêt est toutefois limité, ce mode tenant plus au hasard qu’autre chose, la faute à la difficulté de se situer par rapport aux objets. Néanmoins, les trois remixes des thèmes Mario présents dans ce mode sont vraiment sympathiques. À noter que ce mode ne se joue qu’avec un personnage et pas en tag.
- Tekken Ball : Ce mode apparu dans Tekken 3, vous permet de jouer à une sorte de volley entre deux personnages (ou quatre désormais). Chaque fois que vous frappez la balle, celle-ci accumule de la puissance correspondant à la vie que l’adversaire perdra s’il ne parvient pas à la renvoyer. Il est possible de faire des championnats dans trois niveaux de difficulté ainsi qu’un versus. Néanmoins, là aussi, l’intérêt n’est pas au rendez-vous, à réserver aux fans de la série.
- Fans de Tekken : Un petit mode bonus sans prétention dans lequel vous pouvez donner une partie de votre argent à vos personnages préférés qui vous donneront des objets pour les personnaliser. Un classement des personnages ayant obtenu le plus d’argent peut être consulté en ligne par la suite.
Alors, qu’est-ce qu’on attend ?
Pour les modes de jeu en ligne, on retrouve du très classique puisqu’il est possible de faire un match amical ainsi qu’un match affectant votre classement mondial et votre rang. Les adversaires sont de base trouvés automatiquement selon votre niveau. Il est possible de désactiver ce système de matchmaking mais battre des adversaires plus faibles que vous ne vous rapportera pas de point).
En ce qui concerne les temps de connexion ou l’attente avant de trouver un adversaire, tout va très vite et l’on n’attend quasiment pas. Absolument aucun lag n’est à déplorer, même contre des adversaires avec une connexion indiquée à 0 ou 1. Il y a fort à parier qu’une IA prend le dessus dès que la connexion est perdue et ce n’est pas plus mal.
Une option de replay est également disponible. Chaque match que vous disputerez sera automatiquement sauvegardé dans une liste temporaire que vous pourrez consulter à tout moment afin de sauvegarder définitivement vos meilleurs matches dans la console : une très bonne idée facile d’accès.
Pour terminer sur les menus, vous pourrez personnaliser chacun des personnages dans le mode éponyme. De nombreux éléments sont disponibles, de la coiffure aux habits en passant par des armes plus farfelues les unes que les autres (vous ajoutant une attaque en combat). Vous pourrez aussi dessiner des motifs sur votre personnage grâce à l’écran tactile du GamePad mais les options sont trop limitées (taille du pinceau, carré ou rond, couleur) pour en faire un ajout majeur de cette version Wii U.
En revanche, chaque personnage possède en exclusivité sur la console de Nintendo, un costume supplémentaire appartenant à une licence de la firme : Mario, Zelda, Metroid, StarFox ou F-Zero. Voir se battre un panda déguisé en Peach, avouez que c’est terriblement tentant ! Ces costumes ne sont bien évidemment pas personnalisables mais leur présence est vraiment un plus sympathique.
En revanche, si la fluidité en combat est parfaite, Tekken Tag Tournament 2 souffre de nombreux ralentissements dans ses menus et ceux-ci ne sont absolument pas optimisés. Il me semble tout ce qu’il y a de plus évident qu’appuyer sur B alors que l’on vient de sélectionner le premier personnage de son équipe de deux permet d’annuler son choix et de le changer. Eh bien pas ici puisque cela vous fait revenir au menu principal, il est impossible de revenir en arrière une fois un personnage choisi. Un peu étrange également, pendant l’écran de chargement des combats, il est possible d’accélérer le texte défilant en appuyant sur A mais au final, cela fait ramer le jeu. Certains modes sont également bien cachés et ne sont absolument pas à la place que l’on aurait imaginée. Néanmoins, on pourra pardonner cette errance puisqu’il s’agit du plus gros défaut du jeu.
Fight stick for your life
Il est désormais temps de passer au plus important pour un jeu de combat : le gameplay. Et comme dit précédemment, avec Tekken, c’est une question de goût la plupart du temps. Les combats étant en double cette fois-ci, on y trouve donc l’introduction de nouveaux mouvements par rapport à la série principale. Les deux plus importants sont la projection tag et l’assaut tag. Le premier s’active avec R + X et n’est rien d’autre qu’une projection à deux combinée à un changement de personnage. Pour le second, il s’agit d’un combo qui verra apparaître votre personnage en réserve quelques secondes pour donner des coups supplémentaires et continuer votre combo avant de repartir. Il peut s’activer en appuyant sur R après un rebond de l’adversaire ou en maintenant simultanément R, X et Y. Bien entendu, ces mouvements spéciaux, dévastateurs quand ils sont bien utilisés, ne peuvent pas être réalisés si vous n’avez choisi qu’un personnage. D’où l’intérêt de savoir en maîtriser au moins deux.
Les touches sont personnalisables depuis les options même si je n’en vois personnellement pas l’intérêt à part vous embrouiller dans les combos. Sachez que le joystick n’est pas actif par défaut, ce qui forcera les joueurs à se plier à la croix directionnelle, beaucoup plus pratique dans Tekken même si elle n’est pas évidente de base.
Enfin, selon votre style de jeu, une configuration de manette est forcément faite pour vous. En effet, Tekken supporte le Wii U GamePad (heureusement), les manettes classiques Wii, la manette Wii U Pro ainsi que les sticks arcades, qu’ils soient pour Wii ou Wii U. Une diversité de contrôle qui fait vraiment plaisir à voir. Ah oui, j’oubliais, il est aussi possible de jouer à la Wiimote seule… mais sérieusement, qui va jouer avec 1/2 pour les poings et A/B pour les pieds ?
Comme pour tous les jeux de combat sur 3DS, l’écran tactile du GamePad sert à afficher des raccourcis pour des combos que l’on peut lancer en les touchant. Un menu permet même de personnaliser les combos que l’on veut voir affichés (on ne peut heureusement pas choisir les 10-hit combos). Mais l’avantage du GamePad sur les autres configurations de manettes reste nul car ces raccourcis sont également activables avec L en combinaison avec A/B/X/Y.
Bien entendu, il est possible d’afficher le jeu uniquement sur le GamePad sans se servir de la télé mais cela implique de repasser à chaque fois par le menu, on aurait vraiment aimé avoir une touche sur l’écran tactile, quasiment pas utilisé, permettant de basculer à tout moment entre les deux. Vous pouvez même jouer à la manette Wii U Pro devant votre GamePad, celui-ci faisant office de mini-télé, c’est assez marrant à essayer.
Enfin, pour terminer, attardons nous sur les musiques du jeu. Celles-ci possèdent un menu dédié dans lequel vous pourrez changer celles utilisées dans les menus ou les stages. On regrettera que la musique chantée du mode « Tekken Ball » ou les remixes de Mario ne fassent pas partie des chansons que l’on peut sélectionner. Les sonorités technos prédominantes sont entraînantes mais ne restent pas en tête. Enfin, sachez que Snoop Dogg a participé à la bande originale du titre avec une chanson assez mauvaise et apparaît même dans un stage à son nom. Si c’est pas génial…
En bref…
J’aime :
- Un portage sans faille.
- Pouvoir jouer avec toutes les manettes possibles.
- Tout le monde peut jouer, tout le monde peut gagner. (© PMU)
- Des ajouts sympathiques pour les fans Nintendo.
J’aime pas :
- Les menus mal pensés.
- Tekken, ça vaut pas Street Fighter quand même.
Tout comme Super Street Fighter IV à la sortie de la 3DS, ce Tekken Tag Tournament 2 – Wii U Edition, en plus d’être le seul jeu de combat à la sortie de la console, fait incontestablement partie des meilleurs jeux de lancement. Encore plus technique et plus accessible que les précédents, bénéficiant d’un portage sans perte et d’ajouts sympathiques bien que dispensables, les quelques petits défauts énoncés ci-dessus ne suffisent pas à ternir le tableau d’un jeu que tout fan de baston doit posséder. À moins que vous ne l’ayez déjà sur une autre console ou que votre cœur ne soit dédié à Street Fighter et autres jeux de combat 2D jusqu’à la mort bien entendu.