SSX fait partie de ces jeux qui divisent. Adulé par les amateurs de sensations très fortes, exécré par les puristes du Snowboard. La série des SSX ne rend personne indifférent. Après un épisode Tricky assez décevant, voici le second opus disponible sur Gamecube : SSX 3.
Principe
ous l’aurez compris, SSX 3 n’est pas un jeu de Snowboard comme les autres. Si le concept de dévaler des pistes en exécutant des figures dangereuses est bien respecté, on ne peut pas en dire autant de l’approche qu’a EA Sports Big de ce sport. En effet, SSX 3 est tout sauf une simulation de Snowboard. Oubliez les figures réalistes, n’espérez pas slalomer des pistes sorties d’un vrai domaine skiable et abandonnez l’idée de retrouver à l’identique les sensations du Snowboard. Dans ce jeu, tout est multiplié par 10 ! Les sauts sont dantesques, les tricks permettent de décoller les pieds de la planche, la vitesse atteint des sommets et les pistes sont irréalistes. Pour résumer, SSX 3 c’est l’école arcade du Snowboard, à des années lumières de l’esprit de 1080° Snowboarding.
Progression
Hein ? Progression ? C’est quoi ça ? En fait, le seul but du jeu est de « dompter » une immense montagne, il n’y a donc pas vraiment de scénario. D’un autre côté c’est pas très grave pour un jeu de sport. Mais pourquoi ai-je mis une rubrique « Progression » dans ce test, me direz-vous. Hé hé ! Je m’y attendais. En fait, les développeurs d’EA Sports Big ont fait un réel effort pour faire évoluer la série des SSX. Désormais, le déroulement d’une partie est beaucoup plus cohérent que dans les précédentes éditions.
Cela se traduit par la progression du joueur. Si dans tous les jeux de sport elle s’effectue par le biais de menus, dans SSX 3 l’interface a été introduite directement dans le jeu. Ainsi, lorsque vous voulez participer à une épreuve quelconque, vous devez vous rendre au lieu où elle se déroule. Libre à vous d’y aller en Snowboard ou d’opter pour le téléphérique. En effet, contrairement aux autres jeux de Snow, toutes les épreuves sont disposées sur un parcours gigantesque, elles sont donc reliées entre elles. Par conséquent il est tout à fait possible de participer à une épreuve de freestyle après une course sans passer par la case « menu ».
Le jeu est d’autant plus cohérent que les interactions entre les personnages sont très poussées. Par exemple, il vous arrivera fréquemment de recevoir des messages de vos adversaires. Vous pourrez les consulter sur un espèce de Palm et ainsi relever des défis spéciaux. Autre détail sympathique : entre deux compétitions, l’animateur de Radio Big commentera les exploits des différents concurrents et apportera des précisions concernant la météo et les spécificités des différentes pistes. En résumé, le jeu fourmille de petits détails qui le rendent très cohérent.
Personnages
A défaut d’avoir un vrai scénario, le jeu dispose de personnages plus ou moins charismatiques mais très stéréotypés.
Allegra : La nouvelle venue dans la série. Cette skateuse de 19 ans se la joue très rebelle. Un peu trop même. Malheureusement il ne s’agit que d’un clone d’Avril Lavigne comme on en voit trop souvent sur MTV.
Viggo : Un bel exemple de stéréotype avec le bellâtre suédois du jeu. Il est censé être le roi des pitreries mais on peine à trouver des trucs vraiment marrants dans sa personnalité.
Griff : Tiens, un gamin ! A 12 ans, Griff est la star montante du Snowboard. Mouais … à mon humble avis « aimant à baffes » semble plus adapté pour le définir que « star montante du Snowboard » !
Kaori : Aucun rapport avec le personnage de City Hunter. Kaori est une pseudo-star japonaise. On continue dans les stéréotypes : Kaori est hystérique, elle porte des t-shirts « kawai » et prend des poses ridicules pour attirer l’attention.
Mac : Un surdoué américain. Il n’y a pas grand chose à dire sur sa personnalité si ce n’est qu’il a un nom de hamburger ! Il incarne parfaitement le « djeuns branchouille » qui fait du Snowboard.
Moby : Là encore, rien à voir avec le DJ américain (dommage). Moby est un beau black anglais qui a grandi dans le Bronx (comme par hasard…). Ses attitudes de rappeur bad boy plairont sans doute aux « djeunes ».
Elise : Vous l’attendiez sans doute avec impatience, voici l’inévitable pin-up blonde du jeu. Dans sa biographie, il est indiqué qu’elle porte des strings. Je suis sûr que vous êtes rassurés.
Nate : Ce personnage aurait pu être le plus intéressant du jeu. Tout droit venu du Colorado, ses attitudes de cow boy sont assez marrantes mais la caricature du macho américain aurait pu être plus poussée. Dommage.
Zoe : Selon sa biographie officielle, elle crée les modes. On est en droit de se demander s’il s’agit d’une blague tant ses fringues sont d’un goût … très … spécial.
Psymon : Le psychopathe de service. Un personnage assez sympa qui s’amuse avec une camisole, un masque à gaz et un piège à loup !
Graphismes
D’un point de vue purement technique, SSX 3 est très correct. Bon, on a déjà vu mieux mais globalement les graphismes sont assez agréables. La modélisation des personnages est assez fine, les décors sont sympathiques. La distance d’affichage est énorme. On note aussi de nombreux événements sciptés qui rendent les descentes un peu plus vivante. Par exemple, une avalanche viendra perturber vos balades sur Happyness, une tempête de Neige vous mènera la vie dure sur Ruthless, des éboulements modifieront le parcours de Gravitude, etc. En réalité, ce ne sont pas les graphismes qui impressionnent le plus dans ce jeu mais le level-design. En effet, celui-ci est monstrueux. Les différentes pistes sont labyrinthiques à souhait et le domaine skiable est gigantesque. Bref, si l’on ne prend en compte que l’aspect technique des graphismes, SSX 3 est un très joli jeu.
Dans les faits, ce ne sont pas les graphismes qui pourront décevoir mais plutôt leur style. Le style graphique de SSX a toujours été très spécial. Là où tous les développeurs de jeux de Snowboard optent pour un rendu très sobre pour renforcer le réalisme du jeu, EA Sports Big utilise des couleurs pétantes pour créer une ambiance survoltée. Si l’on compare SSX 3 au premier volet de la série, on ne peut nier que la série semble évoluer vers un style plus sobre et plus mature. Cependant, les couleurs flashy et le style très arcade restent présents. Ce parti pris ne plaira pas à tout le monde mais la saga SSX a au moins le mérite d’avoir un style unique qui lui est propre. Lorsqu’un on joue à un SSX, on s’en rend compte dès la première seconde.
Musiques et sons
Les musiques d’SSX font assurément parti des points forts du jeu. Electronic Arts a fait un gros effort pour composer une bande son du tonnerre de Zeus ! Une trentaine de titres de qualité sont présents pour accompagner vos exploits. De plus, EA Sports Big a pensé à tout le monde puisque tous les styles de musique sont représentés. La bande son d’SSX 3 se divise en 3 genres : rock, rap et musique électronique. Toutes les musiques s’accordent parfaitement au style d’SSX 3 et même si vous n’aimez pas certains titres, vous pourrez toujours composer votre propre playlist avec vos titres favoris. Ils ont vraiment pensé à tout.
Les amateurs de musique électronique pourront rider sur le son des Chemical Brothers, de Fatboy Slim, d’Andy Hunter, d’Alpine Stars, des X-Ecutionners, de Royksopp, de Paul Oakenfold ou encore d’Audio Bullys. Côté rock les références sont encore là : Queens of The Stone Age, Placebo, Red Hot Chili Peppers, Jane’s Addiction, MxPx, Finger Eleven… Enfin, si vous êtes plutôt rap, The Black Eyed Peace, N.E.R.D., Dilated Peoples, Dan The Automator, les Swollen Members et Overseer vous combleront. Comme vous pouvez le constater, la bande son d’SSX 3 calme. Electronic Arts semble avoir claqué pas mal de tunes pour offrir aux joueurs des musiques de qualité. Remarquez, chez EA, un sous dépensé n’est jamais perdu. En effet, ils commercialisent un CD contenant une dizaines des titres du jeu dans les versions remix inédites. Un bon moyen de gagner de l’argent facilement.
Pour assurer la transition entre deux musiques et donner des informations au joueur, un animateur radio a été ajouté au jeu. Si l’idée est excellente, on ne peut malheureusement pas en dire autant de la voie française de l’animateur. Pour résumer, ce dernier maîtrise parfaitement le langage des auditeurs de Fun Radio. Résultat, ses blagues lourdes et son verlan finissent vite par soûler. Heureusement, vous pourrez le virer ou, si vous êtes d’humeur joueuse, mettre le jeu en espagnol pour écouter la voie du DJ espagnol, nettement plus marrante.
Gameplay
Si la série des SSX divise autant les amateurs de Snowboard, c’est principalement à cause de son gameplay. Vous le savez déjà puisque vous lisez ce test, le jeu est très axé Arcade. En fait, le gameplay d’SSX 3 fonctionne un peu comme celui de Burnout. Tout a été étudié pour vous preniez un maximum de risques. Si vous n’en prenez pas, vous ne pourrez jamais avancer. Comme dans le jeu de course d’Acclaim, vous avez une jauge de boost. Au début d’une partie elle est naturellement vide. A vous de la remplir en utilisant différentes méthodes : en exécutant des figures plus ou moins complexes, en frappant vos adversaires (!) ou en ridant des rampes prévues à cet effet. Une fois, la jauge remplie vous pourrez enclencher un boost pour rattraper ou achever vos opposants.
Il existe 4 degrés de boost différents. Le premier est très faible, il semble plus adéquat de ne pas l’utiliser pour remplir la jauge et ainsi atteindre le degré supérieur : le degré Or. Celui-ci est plus intéressant car il vous permet d’effectuer des Uber Tricks (figure qui consiste à décoller un pied de la planche). Lorsque vous aurez aligné 4 Uber Tricks, vous accéderez au troisième niveau de boost : L’Orange. La vitesse devient alors carrément démente et vous pouvez faire des Super Uber Tricks, des figures hallucinantes durant laquelle le snowboarder décolle ses deux pieds de la planche pour faire l’abruti ! En alignant 5 Super Uber Tricks, vous atteindrez l’ultime degré de boost : le Rouge. Grâce à ce boost, vous deviendrez quasiment intouchable pendant plusieurs secondes. Bien entendu, un Super Uber Trick est une figure particulièrement difficile à effectuer et si vous chutez pendant son exécution vous perdez votre planche ! Vous pourrez toutefois revenir dans la course mais bonjour le temps perdu.
Le gameplay est donc basé sur la prise de risque maximale pour des sensations très fortes. Dans ce domaine, EA Sports Big a vraisemblablement réussi son coup. Les montées d’adrénaline sont très nombreuses et pour le moins… intenses. Malheureusement, le gamplay d’SSX 3 est loin d’être parfait. Le problème ne viens pas vraiment de son principe (même s’il ne satisfera pas tout le monde) mais plutôt de la maniabilité. SSX 3 étant un jeu multi plates-formes, les développeurs ont dû faire des concessions pour s’adapter aux différents pads des trois consoles de salon du marché. La version Gamecube ne s’en sort pas vraiment bien.
Il existe deux configurations concernant la disposition des actions sur les touches du pad. La première est vraiment étrange, la direction du snowboarder est assignée au stick analogique tandis que les rotations des sauts s’effectuent par la biais de la croix multidirectionnelle. Cela vous oblige à permuter entre le stick et la croix en plein jeu ! La seconde configuration est beaucoup plus pratique car la direction et les rotations de saut ont été toutes les deux assignées au stick analogique… ouf ! Cependant, les autres touches du pad ne sont pas très bien utilisées. Le bouton A permet de faire un saut, le B sert à effectuer un boost ou un Uber trick tandis que les grabs sont assignés aux touches L, R et X. Les autres touches du pad sont utilisées pour des actions secondaires. Le problème c’est que l’exécution de certains Uber Tricks demande de combiner plusieurs touches. Par exemple, pour faire un Tail Grab vous devrez pressez simultanément les boutons B, X et R ! Imaginez un peu la complexité de la manipulation et vous comprendrez qu’à moins d’avoir les membres d’un poulpe, il est difficile d’exécuter tous les tricks.
Modes de jeu
Course : Il existe 5 épreuves de courses dans SSX 3. Elles opposent 6 snowboarders sur des pistes d’une durée moyenne de 3 minutes de descente. Il n’y a pas d’itinéraire prescrit, il est même conseillé d’abuser des nombreux raccourcis qu’offrent les pistes. Les épreuves de courses se divisent en 3 manches, les deux premières sont des tours qualificatifs et la dernière c’est… la finale.
Freestyle : Au nombre de 3, ces épreuves se déroulent sur des parcours à l’architecture insensée. Des tremplins et des rampes sont disposées un peu partout. A vous d’en tirer profit pour exécuter un maximum de figures pour marquer des points. Elles se divisent en 2 manches avec à chaque foi un score à battre pour se qualifier.
Big Air : 3 épreuves très courtes avec au bout de chacune un tremplin gigantesque. Comme dans une épreuve de Freestyle, vous devez atteindre un certain score pour gagner une médaille.
Super Pipe : Il y a 3 épreuves de Super pipe. Elles se déroulent dans des espèces de demi-tubes dont les extrémités servent de tremplin. Là encore, vous devrez accumuler les figures pour marquer le plus de points possibles.
Hors piste : Si vous avez soif de liberté, les 3 parcours hors pistes d’SSX 3 vous combleront. Ces pistes sont incroyablement grandes et vous pourrez vous balader n’importe où. Les parcours hors pistes sont aussi le théâtre de défis entre snowboarders.
Durée de vie
Habituellement, on reproche aux jeux arcade d’avoir peu de contenu et un concept qui lasse très vite. Résultat, la durée de vie fait pitié ! Dans SSX 3 il n’en est rien. Le contenu d’SSX 3 est tout simplement inattaquable, jugez par vous-même : Une montagne immense divisé en 17 épreuves. 425 bonus à collecter, 88 défis à relever, des milliers d’accessoires, de musiques, de tricks, de cadeaux à gagner. Vous pourrez même collectionner des dizaines d’artworks représentant l’évolution du design des pistes et des personnages. Bref, le contenu de SSX 3 est tout simplement inattaquable, vous en aurez pour plus de 30 heures pour le finir complètement. De plus, un mode 2 joueurs a été ajouté pour affronter vos ami(e)s (qui deviendront vos ennemis par la même occasion). Seule ombre au tableau : l’absence de mode réseau pour jouer online.
En bref…
Quoi qu’en pensent certain joueurs, SSX 3 a des qualités. Une réalisation honnête, une bande son surpuissante, un dynamisme hors du commun et une durée de vie exceptionnelle. C’est assurément l’un des jeux les plus longs de la Gamecube. Cependant, si vous êtes réfractaire au style SSX, laissez tomber vous n’aimerez jamais ce jeu.
Gameplay : 13/20
Cette note est un peu sévère mais le gameplay de SSX 3 ne plaira pas à tout le monde. De plus, la maniabilité du jeu ne met pas en valeur l’ergonomie fantastique du pad GC. Cela mérite d’être sanctionné. Pour les amateurs de jeux arcade, le jeu génère tout de même de sacrées sensations.
Graphismes : 15/20
Le jeu est assez joli, le level-design est énorme et la distance d’affichage est bonne. Du tout bon quoi. Attention tout de même : certaines personnes n’accrocheront pas au style très coloré d’SSX.
Musiques et sons : 19/20
Les grands noms de l’électro, du rap et du rock pour des musiques de folie, ça fait plaisir. Un DJ lourdingue pour les présenter, ça fait pas plaisir.
Durée de vie : 17/20
Contrairement à ce que certains pensent, SSX 3 ne fait pas parti des jeux qui se finissent en une semaine. J’aurai bien mis 18/20 mais comme l’élève a oublié d’amener le mode online en cours, j’ai du mettre -1 en rouge sur la copie ^^.
Note finale : 14,5/20
Difficile de noter un tel jeu. Beaucoup de joueurs vont s’étonner de voir cette note attribuée à SSX 3. Certains la trouveront injuste en pensant aux nombreuse qualités du jeu et à l’effort produit par EA pour faire évoluer la série. D’autres seront scandalisés de voir un simple jeu d’arcade obtenir une telle note. Ne cherchez pas, il ne s’agit que d’une note. Si cela ne tenait qu’à moi j’aurai bien mis 16 ou 17 mais d’autres joueurs opteraient plus pour un 11. Quoi qu’il en soit, SSX 3 est un excellent jeu d’arcade qui remplit très bien sa fonction : offrir aux joueurs des sensations. Cependant, si l’ambiance très « Fun Radio » du jeu vous rebute, laissez tomber tout de suite. Dans ce cas, vous pourrez toujours vous rabattre sur 1080° Avalanche. Finalement, la vie n’est pas si mal faite.