Nous mettons nos archives à disposition mais la mise en page n’est pas encore corrigée

Tests : NESGBSNESN64GBANGCDSWii3DSWii U

Nintendo ne va pas trop mal avant l’arrivée de la Switch

Le

par

Chose promise, chose due : je vous parlais ce matin de la conférence tenue par Tatsumi Kimishima, le président de Nintendo, devant les actionnaires de la société pas plus tard qu’hier. Sachez que Nintendo publie sur Internet le compte-rendu, au format PDF, que vous pouvez consulter si ça vous chante.

Pour les feignants (mais je peux les comprendre), je vous propose rapidement un résumé de ce qui s’est dit durant cette conférence.

Kimishima a attaqué en rappelant que l’objectif de Nintendo était de faire en sorte que de plus en plus de gens aient accès à des licences de la société. Normal, me direz-vous. Pour ce faire, la Nintendo 3DS reste le premier point qu’il met en avant.

Et il a raison, parce que la console a encore de beaux restes ! Il rappelle ainsi que Pokémon Soleil et Lune se sont écoulés à plus de 13 millions d’unités dans le monde depuis le lancement en novembre : un carton absolu. Le jeu dépasse ainsi largement les versions X et Y, ainsi que les remakes Rubis Oméga et Saphir Alpha. Quelques données intéressantes sont fournies en complément : d’après les études statistiques sur les joueurs, la part des 20 – 30 ans a augmenté par rapport aux précédents opus. De même, seuls 17% des joueurs découvraient la série via Soleil et Lune. On peut donc dire que Pokémon est une série un poil vieillissante, qui tire toujours très fort sur la fibre nostalgie et qui plume les mêmes pigeons déjà plumés depuis les années. Mais je ne critique pas, j’en fais partie… N’oublions pas l’effet Pokémon GO, qui a énormément joué également.

Cependant, les ventes japonaises ne sont pas au beau fixe… Les ventes de consoles sur l’année sont plus faibles que l’année précédente : on avait remarqué. Mais les ventes de jeux ont explosé sur le dernier quartier considéré, à cause, encore une fois, de Pokémon Soleil et Lune, qui a sauvé la mise à lui tout seul (ou presque).

Presque, parce qu’il ne faut pas oublier Super Mario Maker for Nintendo 3DS, qui va atteindre le million d’exemplaires très bientôt. Une façon de toucher ceux qui n’avaient pas la Wii U (et ils étaient nombreux).

Kimishima enchaîne avec les ventes aux États-Unis, qui sont davantage reluisantes ! En effet, les ventes de 3DS sont en hausse sur les deux derniers quartiers considérés par rapport à l’année précédente, ainsi que les jeux, avec là aussi une forte hausse due à Pokémon. Situation identique en Europe : contre toute attente, alors que la 3DS a perdu du terrain au Japon, elle a progressé drastiquement dans le reste du monde.

L’Europe, justement, n’est pas dernière à consommer des jeux, puisque Kimishima exhibe ensuite fièrement un graphique montrant que le premier Yo-Kai Watch a suivi la même tendance chez nous qu’au Japon. Les ventes étaient même légèrement plus rapides ! On peut dire merci à tous les produits dérivés et à la série télé.

Puis vient le moment de parler aussi de la 2DS, dont on ne parle jamais ou presque ! Le graphique est sans appel : partout, la part de la 2DS a augmenté. Elle atteint même 48% en Europe ! Même si Kimishima souligne le prix plus abordable, on retiendra surtout le désaveu massif du public pour la 3D. L’argument qui a donné son nom à la première version de la console ne fait plus mouche : le public préfère une console simple, accessible et peu chère.

Malgré tout, Kimishima ne résiste pas à l’envie de rappeler que près de 62 millions de 3DS, tous modèles confondus, circulent à travers le monde. On n’est pas encore aux 80 millions et quelques de la GBA, mais ça se rapproche doucement. Pas sûr, en revanche, que ce chiffre soit dépassé un jour, sauf si la durée de vie de la console est prolongée grâce à de nouveaux jeux solides. C’est en tout cas le choix de Nintendo, qui entend bien continuer d’alimenter la console portable, et entend la démarquer de la Switch : pas le même prix, pas les mêmes jeux, pas le même public. La 3DS vise toujours les enfants, mais aussi le public féminin, un peu perdu depuis la DS mais qui revient timidement aux jeux portables selon Nintendo. D’ailleurs, Kimishima étale quelques jeux à venir : entre Mario Sports Superstars, les deux Fire Emblem, Pikmin, Poochy & Yoshi ou Ever Oasis, le catalogue n’est certainement pas vide. Sans oublier Monster Hunter XX qui arrive au Japon le 18 mars et qui va certainement tout défoncer, ou encore Dragon Quest XI.

Vient ensuite l’instant de parler de la Wii U… Inutile de le cacher, les expéditions aux revendeurs ont baissé drastiquement, et Nintendo n’entend écouler que 800 000 unités de plus d’ici fin mars. La page est tournée, Kimishima souligne bien que cette année fut la dernière.

Autres grands perdants de cette année : les amiibo, avec des ventes en net recul. Seulement 6,5 millions, contre 20,5 l’année précédente. Les figurines en plastique ont subi aussi le manque de jeux, notamment sur Wii U, et donc de nouveaux personnages.

Année morose pour les téléchargements également, qui n’ont rapporté que 23 milliards de yens, contre 30,5 milliards l’année passée. Forcément, avec un catalogue maigre, ça ne marche pas ! On sent bien que 2016 a été une année difficile pour Nintendo. Mais pas sur tous les points puisque, comme je vous le disais tout à l’heure, la NES Classic Mini / Famicom Mini a connu un beau succès.

Deuxième point du compte-rendu : le jeu mobile, qui a connu une première année très encourageante. Super Mario Run a ainsi été téléchargé plus de 78 millions de fois dans 151 pays, et seulement pour la version iOS, puisque le portage Android arrive bientôt. Notons que durant les quatre premiers jours, l’application a été téléchargé 40 millions de fois, un record pour le média. Cependant, seuls 5% des joueurs ont payé les 10€ pour débloquer le jeu complet… Un chiffre timide, mais qui porte du coup le total à 3,9 millions de jeux achetés, et donc environ 39 millions de dollars de recettes. Pas si mal.

Du coup, Nintendo bichonne son produit avec des mises à jour, comme un mode Facile, ou d’autres ajustements. Et le jeu est sorti aujourd’hui en Corée : de quoi ajouter encore quelques millions à la cagnotte.

Beaucoup plus discret, Miitomo, lui, va bientôt voir arriver sa version 2.2, afin, espère-t-on chez Nintendo, de regagner des utilisateurs. Mais Kimishima passe vite fait à Fire Emblem Heroes, qui arrive dès demain, et qui devrait remporter un franc succès là encore, surtout chez les 20 – 30 ans selon lui. Quant à Animal Crossing, hé bien, comme on l’a dit hier, il est repoussé à plus tard dans l’année.

Enfin, il est temps de parler de la Nintendo Switch ! Kimishima palpite en repensant à sa conférence du 13 janvier, un grand succès selon lui, surtout avec les évènements mondiaux qui ont suivi. Il assure aux actionnaires que, contrairement à la Wii U, la Switch ne sera pas vendue à perte. Une bonne chose.

Se félicitant des très bonnes précommandes partout dans le monde, il assure que les « hardcore gamers » sont toujours là et soutiennent Nintendo : une façon comme une autre de dire, à nouveau, que la Switch vise ce public en priorité, et non les enfants ou les mères de famille comme la Wii en son temps. Puis il nous refait le coup de la présentation : Joy-Con, HD Rumble, caméra infrarouge, tout le bordel. Quelques photos de 1-2 Switch sont là pour assurer que les gens étaient comme des fous dans les salons lors des tests. Et c’est vrai. De là à claquer 50€ pour ça, il y a un pas.

D’autre part, ARMS et Mario Kart 8 Deluxe arrive plus tard afin de ne pas griller toutes les cartouches et préserver l’inertie de la console jusqu’à l’été. On verra si ça marche, mais ce n’est pas une mauvaise chose, en effet. Splatoon 2 prendra ensuite la relève : Kimishima voit en lui un jeu idéal pour maintenir « le buzz » autour de la console.

Et il achève l’auditoire en balançant le chiffre en gros : 100 jeux sont en développement sur la Switch, venant de 70 développeurs différents. Mazette, voilà un chiffre énorme ! On verra combien de projets arrivent vraiment au bout…

Bref, pour Nintendo, ça ne va pas si mal que ça : l’année 2016 n’a certainement pas été la meilleure, et les Pokémon ont sauvé les meubles pour la 3DS. Celle-ci reste d’ailleurs encore en sursis mais l’année 2017 pourrait lui permettre de rebondir un peu avec les nouveaux jeux en préparation. Côté mobile, l’incursion sur le marché est plutôt réussie pour l’instant : en même temps, quand on essuie les plâtres avec Pokémon et qu’on poursuit avec Mario, ça ne peut que marcher. Reste à voir comment s’en sortira Fire Emblem, beaucoup plus discret médiatiquement, et davantage tourné vers les joueurs et les fans. Quant à la Switch, Kimishima semble confiant ! On verra bien ce qu’il en est !