Plate-forme de streaming de jeux vidéo particulièrement en vogue depuis l’avènement de jeux comme League of Legend ou StarCraft 2, permettant à des gens d’être payés pour jouer (parfois), et à d’autres d’occuper leurs soirées monotones avec autre chose que The Voice (souvent). Sur Twitch, n’importe qui peut regarder en direct des gens faire quelque chose, principalement jouer à des jeux vidéo. Préparer une salade ne rentre pas dans les conditions d’utilisations du site (pour l’instant).

Intimement lié à la démocratisation de l’e-sport (les compétitions de jeux vidéo), Twitch représente un peu tout ce que la télé offrait en termes de retransmissions sportives, mais avec un clavier et une souris à la place du ballon ou du tatami, et sans Gérard Holtz. Les joueurs retransmettent donc des performances en live, qu’il s’agisse d’une compétition ou bien simplement d’une partie à la maison pour tester un nouveau jeu, et les spectateurs peuvent intervenir en direct par le biais du tchat accompagnant la vidéo.

Bien entendu, tout ceci ne serait pas intéressant sans l’aspect pécuniaire qu’il soulève. S’il est tout à fait possible de regarder les vidéos gratuitement, les spectateurs peuvent aussi faire un don à la personne en train de retransmettre, ou bien s’abonner moyennant 5$ par mois, ceci afin de soutenir l’activité du joueur. Dans les faits, on assiste surtout à des phénomènes étranges, ressemblant à du : « voilà 10€, tu veux être mon ami ? ». Cet argent sera toujours plus utile ici que dans les poches d’une association caritative. Les SDF n’ont qu’à streamer, eux aussi !

Inutile donc de vous précipiter pour commencer à faire du stream sur Senran Kagura : la plate-forme compte beaucoup d’appelés et peu d’élus. Ceux qui génèrent suffisamment d’argent pour en vivre se comptent sur les doigts d’une main. Autant essayer de devenir proxénète, ça ira plus vite et vous gagnerez davantage.

La plate-forme Twitch a permis l’apparition d’expériences sociales étonnantes, donc la plus célèbre est sans doute TwitchPlaysPokémon, où les spectateurs contrôlaient directement le jeu (la première version de Pokémon) via les commandes entrées dans le tchat. Après 15 jours ininterrompus et des centaines de situations rocambolesques, le jeu a finalement été terminé, non sans mal. L’engouement provoqué par l’expérience a conduit certains à la répéter avec tout et n’importe quoi : les deux poissons rouges s’affrontant sur Street Fighter 2 restent une des expériences les plus incroyables, tant par le concept que par la performance technique.

Ajoutons à cela que la performance live s’accompagne parfois de son petit lot de surprises. Agressions à domicile, cambriolages, début d’incendie, interventions du SWAT : le microcosme Twitch recèle sa dose d’inattendu, ce qui ne manque pas de tenir en haleine les spectateurs. Pour l’instant, à ma connaissance, pas de mort en direct, mais peut-être qu’un jour, avec un peu de chance, on y aura droit !

Enfin, certains pisse-froids télévisuels d’une chaîne cryptée ont eu tôt fait de taxer la pratique de regarder d’autres gens jouer de « ridicule », oubliant au passage que regarder un Le Mans – Lens sur ladite chaîne dans son canapé n’est pas une pratique très différente, ni plus instructive. Les ardents défenseurs de Twitch sont alors montés au créneau plus vite que pour défendre leurs droits sociaux, qualifiant la télévision de média dépassé condamné à une mort à court terme. Pourtant, dans les deux cas, regarder du foot ne fera pas du spectateur un Ballon d’Or, pas plus que regarder une partie de StarCraft 2 ne permettra de maîtriser toutes les stratégies dès le lendemain.

Dans les deux cas, en revanche, ce sont autant d’heures où on est sûr de ne rien apprendre du tout qui puisse changer notre regard sur le monde.